HISTOIRE DE LA CORSE TOURS GENOISES, CITADELLES ET MAISONS FORTES

Source : https://www.corsicamea.fr/histoire/tours-genoises.htm

Les tours génoises sont sans conteste l’un des symboles forts de la Corse.

En 1531, l’Office va envoyer en Corse deux commissaires avec mission d’inspecter les défenses de l’île et au vu de leur rapport, il va demander à Sebastiano Doria de faire élever des tours littorales.

Au nombre de 85, bâties tout le long du littoral et parfois dans des villages, par ordre du gouvernement de Gênes, entre le XVème et le XVIIème siècle, la construction de ces tours a été financée par l’augmentation des impôts sur le sel dont l’argent récolté était avancé à des entrepreneurs privés, soit à des communautés d’habitants. L’Office concédait en outre certaines terres du littoral à des patriciens génois à charge pour eux d’y élever des tours.

L’érection des ces tours servaient à signaler aux habitants de l’île la présence des corsaires barbaresques qui s’approchaient régulièrement des côtes. La population venait alors se réfugier dans ces tours tenues par des garnisons s’ils n’avaient pas le temps de se réfugier à l’intérieur des terres.

Ces frais d’édification constituaient une charge onéreuse pour les pievi qui cherchaient souvent à l’éviter ; c’est ainsi qu’en 1597, le gouverneur ayant eu le dessein de construire une tour alla Porragia près de l’embouchure du Golo, les procureurs des pièvi de Casinca, Orezza, Ampugnani et Casaconi le supplièrent de renoncer à ce projet, alléguant la pauvreté des habitants qui peuplaient ces villages.

Au gouverneur seul appartenait le droit d’autoriser la construction des tours. Le chapitre X des Statuti criminali dell’isola di Corsica défend à toute personne de construire ou de faire construire des maisons-fortes, des tours ou forteresses quelconques sans sa permission écrite, sous peine d’une amende de cent écus et de la destruction de la tour.

De forme ordinairement ronde, rarement carrée, généralement construites sur trois niveaux, leur hauteur totale varie de 12 à 17 mètres, sur 10 mètres de diamètre à la base et 7 mètres de diamètre à la hauteur du cordon ou au niveau de la plate-forme, à l’intérieur des mâchicoulis, elles descendent ensuite en plan légèrement incliné jusqu’au sol.

Avec un premier étage voûté et un second abritant un logement pour la garde, elles ne possèdent qu’une seule entrée à laquelle on accède par une échelle mobile.

Ces tours génoises se terminent par une terrasse crénelée. Le dernier étage présente un chemin de ronde avec mâchicoulis. C’est une plate-forme garnie d’artillerie où deux ou trois gardiens veillent. La nuit, après l’Ave Maria, ils allument un ou plusieurs feux qui se communiquent de tours en tours pour prévenir ou rassurer les populations voisines. Parfois, dans le sous-sol, un souterrain a été creusé dans le roc pour le stockage des armes et des poudres. L’architecture des tours est à la fois minimaliste (répondant à un besoin particulier et édifiées rapidement sans superflu) et très représentative de l’architecture militaire défensive génoise des XVIème et XVIIème siècles.

 

Le Sénat de Gènes, par lettres du 17 mai 1612, avait promulgué le règlement suivant à appliquer strictement sous peine de deux ans de galères :

1- Défense de sortir plus d’un homme à la fois pour un laps de temps qui ne doit pas dépasser deux jours et seulement pour des causes urgentes, telles que pour aller chercher des approvisionnements ou la solde.

2- Obligation de monter quotidiennement sur la plate-forme avant et après le coucher du soleil pour examiner sil n’y n pas de corsaires en vue et, dans ce cas, faire les signaux accoutumés.

3- Défense de se faire remplacer ; ceux qui sont payés pour la garde des tours doivent remplir personnellement leur mission.

4- Obligation de renseigner immédiatement les navigateurs qui les interrogeraient sur la sécurité de la route qu’ils suivent.

5° Chaque soir, les tours doivent communiquer entre elles par les signaux conventionnels faits par le feu.

Les capitaines commandants de ces tours de guet étaient nommés pour deux ou trois ans par les gouverneurs et avaient sous leurs ordres entre deux et quatre hommes.

 

Beaucoup de ces tours sont encore intactes ou en cours de restauration; mais trop souvent hélas, il s’agit d’une restauration à la chaux, barbare et de très mauvais goût, un véritable massacre de notre parimoine dont nos élus se félicitent !

Certaines de ces tours ont été vendu à des particuliers qui les ont transformées en habitations à l’instar de la Tour de La Calanca à Propriano.

 

 

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