CHRONIQUES DU TEMPS PASSE LA CORSE ET SES DRAMES

Source : https://www.corsicamea.fr/chroniques/chroniques.htm

 

07 mai 1869

Le Général Abbatucci, navire de la compagnie Valery, en provenance de Marseille et à destination de Bastia, sombre au large de Calvi après être entré en collision avec le voilier Norvégien Edouard Hwidt qui naviguait tous feux éteints et qui prend la fuite sans porter secours aux victimes. 54 personnes périssent noyées. Les quelques rescapés sont recueillis par le trois mats Embla.

L’épave, localisée le 19 mai 1996, a permis de remonter un grand nombre d’objets qui ont donné lieu à une vente aux enchères chez Christies.

 

LE NAUFRAGE DU NAVIRE « GENERAL ABBATUCCI »
Extrait de DRAMES DE LA MER, par Cinq-étoiles (Edition de 1890) –Editions Alfred Mame.

Le 07 mai 1869 à 02 heures, le paquebot Général Abbatucci de la compagnie Valéry, allant de Marseille à Cività- Vecchia fut abordé par un brick norvégien et sombra après trois heures d’une lutte désespérée. 49 passagers et matelots périrent dans ce naufrage.

Le paquebot Capitaine Nicolai, était parti de Marseille le 06 mai à 9 h avec 25 hommes d’équipage et 68 passagers civils et militaires, vents S/E. Vers 16 heures il était au large du Cap-Corse. A 00 heure, vent S/SW, temps couvert, pluie fine. Le capitaine quitta la passerelle vers 02 heures 1/4.

« Je me débarrassais de mes effets qui étaient trempés par la pluie quand vers 02H30 j’ai entendu la voix du second commander: « Babord, toute » et au même instant une forte secousse eut lieu. Je sortis immédiatement de ma cabine, qui se trouvait sur le pont, je sautais sur la passerelle, et après m’être rendu compte de l’événement, je fis stopper la machine et fonctionner le sifflet d’alarme. Je pus distinguer alors un gros navire sans feux qui s’éloignait de nous et qui venait de nous aborder par tribord avant et nous avait fait une grande ouverture. Ce navire, en reculant, nous avait écrasé les deux embarcations tribord. »

Rapport du capitaine Jensen commandant le brick abordeur.
« Parti de Gênes le 5 mai,à destination de la mer Noire, le brick norvégien Edward-Hwidt se trouvait dans la nuit du 6/7 vers 2h30 le long de la côte occidentale de la Corse, dans les eaux de Calvi, à la distance d’environ 9m norvégiens de terre.
La conduite du bâtiment était confiée au second, qui avait pris le quart à minuit, vent fort mer grosse; il fut aperçu à tribord une seule lanterne, qui fut prise pour celle d’un bâtiment à voile, car les vapeurs en ont trois, or, pour l’éviter, le bâtiment fut tourné vers tribord, et alors cette lanterne parut à bâbord. Cependant le bâtiment ignoré s’était rapidement rapproché, ce qui permit de le reconnaître pour un vapeur. Mais il n’était plus possible de l’éviter; l’abordage avait en effet lieu peu après. Le choc fut si violent, que le capitaine du navire norvégien, croyant son navire en péril, sauta sur le pont du navire français et y resta jusqu’au moment ou un second rapprochement des deux navires lui permit de remettre le pied sur son brick.
»

Rapport du capitaine Nicolai.

 » Voyant que le navire abordeur ne venait pas à notre secours, je descendis visiter les soutes que je trouvais étanches. Le poste d’équipage était envahi par l’eau. Voyant que la cloison d’avant tenait bon, je fis amener la seule embarcation qui me restait, et sur laquelle monta le second avec une partie de l’équipage pour réclamer du secours et au besoin amener les embarcations du navire abordeur. Ne voyant rien arriver, dès que ledit navire eut allumé ses feux de position, je fis route sur lui; et, en l’élongeant par tribord de l’arrière à l’avant, je criai de mettre en panne et de nous envoyer ses embarcations, et c’est en l’accostant que je lui ai écrasé son feu vert qu’il venait d’allumer et fait quelques avaries à tribord. Cette manoeuvre permit à divers passagers et matelots de l’équipage de sauter sur le navire abordeur. Après que ledit navire se fut écarté une seconde fois, je fis de nouveau route sur lui; et ensuite faisant machine en arrière, je vins l’accoster avec

mon arrière, et cette seconde manoeuvre me permit encore de sauver quelques passagers. Malheureusement ne recevant ni amares, ni aucun secours de ce navire qui s’éloignait de plus en plus de nous, je commençait à désespérer, quand vers 4 heures le jour se faisant à l’horizon, j’aperçus un navire au large. Je mis mon pavillon en berne et mes signaux de détresse. Ce navire fit route sur nous, mais la pression de l’eau enfonça la cloison étanche, et alors gagnait avec une rapidité effrayante le bateau qui nous manquait sous les pieds. Je criai le « sauve qui peut » et le premier je donnai l’exemple en me jetant à la mer. Deux minutes après le navire sombrait. J’aperçus alors une vingtaine de personnes se débattre sur l’eau. Le navire qui venait à notre secours, le trois mâts norvégien EMBLA, capitaine Toudalh, mis deux embarcations à la mer. »

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