PERSONNAGES CELEBRES SENEQUE (vers 4 av.JC – 65 après JC)

Source : https://www.corsicamea.fr/personnages/seneque.htm

 

Figure de l’Empire Romain, philosophe, dramaturge et homme politiques, Sénèque, parfois appelé Sénèque Le Jeune, pour le distinguer de Sénèque le Vieux, son père, naît entre l’an 4 et l’an 1 avant J.-C. dans le sud de l’Espagne, d’une famille en provenance d’Italie du Nord qui part ensuite s’installer à Rome. Atteint d’une grave maladie pendant son adolescence, il passe un certain temps en Égypte afin d’y être soigné. De retour à Rome en 31, il  intègre l’ordre de la magistrature romaine. Homme d’État, il sert principalement en tant que conseiller à la cour impériale de Caligula.

 

A côté de l’Empereur Claude régnait alors une femme nommée Messaline, dont les débauches étaient devenues trop notoires. Cette femme, jalouse de Julia Livilla, soeur de Caligula (connue pour son opposition à la politique de l’Empire) l’accusa d’avoir des relations avec Sénèque et sous les ordres de l’empereur Claude, fit éloigner le philosophe de la cour en l’exilant dans l’île de Corse vers l’an 41.

Habitué aux débauches et aux intrigues de la cour, Sénèque endurera son exil pendant 8 ans sans pouvoir se faire à la triste existence à laquelle il était condamné. En l’an 49, il sera finalement rappelé à Rome par Agrippine, la nouvelle épouse de l’Empereur Claude, qui le chargera de l’éducation de son fils Néron dont il deviendra plus tard l’un des plus proches conseillés.

En 55, Sénèque devient magistrat principal; il est alors l’une des plus grandes fortunes de l’Empire romain.

Sénèque tombe finalement en disgrâce en 62, et se retire de la vie politique, ses relations avec Néron devenant de plus en plus tendues. Ce dernier tente en vain de le faire empoisonner. L’année suivante, Sénèque est impliqué dans  un complot pour tuer Néron. L’empereur condamne alors Sénèque à mort par suicide, et celui-ci s’exécute en s’ouvrant les veines en avril 65.

C’est au cours de sa relégation forcée en Corse que Sénèque écrit son traité de Consolatione, adressé à Polybe et à sa mère Helvia où nous lisons, au chapitre huitième, le passage suivant : « La Corse même a souvent changé de colons. Laissant les temps anciens enveloppés de leurs ténèbres, je dirai seulement que les Grecs qui aujourd’hui habitent Massilia (Marseille), après avoir quitté la Phocide, s’arrêtèrent d’abord dans cette île: on ignore ce qui les en éloigna; ce fut peut-être l’insalubrité de l’air, ou bien le voisinage de la trop puissante Italie, peut-être aussi la vue des côtes, absolument dépourvues de ports. La preuve que ce ne fut point la férocité des habitants, c’est que d’ici ils se rendirent chez les peuples extrêmement grossiers et barbares de la Gaule. Les Liguriens parurent ensuite dans l’île puis vinrent des Espagnols, ce que l’on peut inférer de la ressemblance des moeurs: on trouve, en effet, dans ce pays, les mêmes coiffures, les mêmes chaussures et souvent les mêmes mots que chez les Cantabres; mais l’ensemble de la langue a perdu son caractère primitif par le contact des insulaires avec les Grecs et les Liguriens« .

Si pour lui les premiers temps de l’histoire de la Corse étaient déjà si obscurs, combien plus ne doivent-ils pas l’être pour nous !

 

Il écrit aussi : « Va loin de ces bords, dont le site » enchanteur et commode invite la foule; viens sur ces rives désolées, dans ces îles sauvages, Sciathos et Sériphe, Gyare et la Corse: tu ne verras aucune terre d’exil où quelqu’un ne demeure pour son plaisir. Où trouver un lieu plus désolé, plus inaccessible de toutes parts que ce rocher? plus dépourvu de ressources, habité par des hordes plus barbares, hérissé d’aspérités plus menaçantes et sous un ciel plus funeste? Et cependant on y rencontre plus d’étrangers que de citoyens« .

Les exagérations de Sénèque concernant une île assez inculte, dont les forêts vierges constituaient à peu près l’unique richesse sont évidentes, et s’expliquent d’ailleurs par sa pénible situation.

Une légende locale sans fondement veut que Sénèque ait vécu son exil dans une tour isolée sur les hauteurs du village de Luri dans le Cap Corse; mais il est plus vraisemblable qu’il ait séjourné à Mariana ou à Alalia (Aleria qui fut capitale de la province Romaine de Corse-Sardaigne de 27 av. JC jusqu’à l’an 6 après JC), un lieu qu’il décrit d’abord ainsi : « Le sort m’a jeté dans un pays où la demeure la plus spacieuse est une cabane… que trouverait-on d’aussi nu, d’aussi totalement abrupt que le rocher où je suis ? Quoi de plus affreux comme site ?, quoi de plus dépouillé ?, quoi de plus escarpé que ce rocher de la Corse ?, quoi de plus stérile pour un ami de l’abondance ? Où trouver des hommes plus sauvages, un site plus affreux, un climat plus malsain ?. Les arbres à fruits ou agréables à la vue sont rares sur cette terre; elle ne produit rien que les autres peuples puissent envier, et suffit à peine aux besoins de ses habitants. Là, point de carrière de minéral précieux, point de rochers à veines d’or et d’argent…

La barbare Corse est fermée de toutes parts par des rocs escarpés. Terre horrible, où l’on ne voit partout que de vastes déserts. L’automne n’y donne point de fruits, ni l’été de moissons, et la saison des frimas ne vient jamais lui offrir les dons de Pallas. Le printemps n’y réjouit point les regards par ses ombrages, aucune herbe ne croit sur ce sol maudit. Là, point de pain pour soutenir sa vie, point d’eau pour étancher sa soif, point de bûcher pour honorer ses funérailles : on n’y trouve que ces deux choses : l’exilé et son exil…

Puis ainsi, après son retour à Rome : « … J’étais plus heureux dans ma retraite solitaire où la mer de Corse m’entourait de ses flots… avec quel ravissement je contemplais le ciel, chef-d’oeuvre de la nature… et le cours harmonieux des astres, et le lever et le coucher du soleil… et le brillant éclat de la voûte céleste. » (!)

 

On dit que Sénèque, dont les mœurs laissaient beaucoup à désirer, ayant attenté à la pudeur des femmes corse, fut pris, mis à nu et fustigé avec des orties par les habitants. Il se vengea de cet affront en composant ce distique sur la sauvagerie des mœurs insulaires : « Prima est ulcisci lex, altera vivere raptu, Tertia mentiri, quarta negare Deos » qui signifie : « Se venger est la première loi des corses, la seconde, vivre de rapines, la troisième, mentir, la quatrième, nier les dieux« .

 

 

 

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