PERSONNAGES CELEBRES MISS Thomasina CAMPBELL (1815 – 1888)

Source : https://www.corsicamea.fr/personnages/campbell.htm

 

Au XIXe siècle, après avoir découvert la Côte d’Azur, les Britanniques débarquent à Ajaccio, dans les années 1860.

Après avoir vécu jusqu’en 1867 au château de Moniack en Ecosse, une riche rentière, Mademoiselle Thomasina Mary-Anne-Elisa Campbell visite la Corse qu’elle parcourt du Sud au Nord, tombe amoureuse de ses paysages grandiose et décide d’y vivre.

En 1868, installée à l’hôtel de France à Ajaccio, elle écrit et fait éditer par l’imprimerie Pompéani, un livre intitulé:  » Notes sur l’île de Corse, dédiées à ceux qui sont à la recherche de la santé et du plaisir« . C’est ainsi que, grâce à elle et surtout à travers la propagande faite dans son ouvrage, les Anglais, lassés de la Côte d’Azur, de la hausse des prix et des mauvaises odeurs, vont découvrir notre pays et une nouvelle station d’hiver, bien différente de la Riviera : Ajaccio.

Rapidement la ville progresse. Des constructions voient le jour avec de beaux appartements offerts à la location aux visiteurs. Après l’hôtel Germania ouvert en 1869, C’est autour d’un Grand Hôtel de voir le jour car les hivernants sont de plus en plus nombreux.

 

Les remarques concernant Miss Campbelle sont tantôt élogieuses :  « Miss Campbell a créé à Ajaccio la colonie anglaise. Elle a contribué à éviter aux nouveaux arrivants, les mille ennuis et désagréments inhérants aux débuts d’une station. Elle pilote ses concitoyens, les introduits dans la société Ajaccienne et appelle en Corse tous ceux qui cherchent la santé et le plaisir » ; « Miss Campbell est une personne que l’on gagne à fréquenter assidûment. Elle s’intéresse vivement à la Corse et à ce qu’elle renferme […] Un être qui allie curiosité intellectuelle, énergie physique, jugement assorti d’un goût certain, désir de promouvoir la Corse auprès d’une clientèle anglaise avide de soleil, ctte femme donc, contribuerait activement à réformer Ajaccio« ; Tantôt très critiques et iront en s’emplifiant dès 1885 : La presse locale qui la surnomme la reine Thomasina, lui reproche son autoritarisme grandissant et son intrusion dans les affaire : « Il faut enlever à Miss Campbell, cette croyance que toute terre baignée par l’eau salée est, où est appelée à devenir anglaise« .

La rumeur en rajoute en colportant qu’elle est intimement proche de Bernard Bradshaw, personnage douteux qui partage avec elle la villa des Pans depuis son arrivée en 1870.

SAMSUNG DIGITAL CAMERA

En 1873, Miss Campbell achète un terrain proche du Casone sur lequel elle fait bâtir une somptueuse demeure de plus de 1800 m2, toute en pierres de taille, « la villa des Paons » qui sera dénommée plus tard « la tour d’Albion » et dans laquelle elle vivra en alternance durant une douzaine d’années en compagnie de ses amis et « associés » Bernard Bradshaw de nationalité Anglaise et Strasser-Ensté d’origine Allemande qui les rejoint en 1882. Ces deux personnages très controversés vont former avec Miss Campbell un trio inséparable qui alimentera au rythme des ragots, des faits divers et des procès, les critiques et les chroniques de la vie Ajaccienne.

 

Ajaccio est devenu une station balnéaire à la mode avec ses somptueuses villas, ses hôtels palaces et son casino. Toujours soucieuse du bien être de ses compatriotes, la riche écossaise achète en 1874 à la ville d’Ajaccio, dans cet endroit que l’on nomme déjà « le quartier des étrangers« , un terrain de 750 m2 pour y faire construire une église Anglicane (the holy trinity church) en granit du pays. L’église sera ouverte au culte en 1878.

En 1880, Bernard Bradshaw achète le domaine de la Carosaccia en 1880. Il participe activement à la vie de la cité aux côtés de Miss Campbell jusqu’à la venue de Strasser-Ensté en 1882.

En 1883, Miss Campbell achète au comte Multedo une parcelle de terre de 19 ares dont Bradshaw héritera à sa mort cinq ans plus tard.

Un nouveau espace urbanisé qui deviendra le quartier des étrangers, est créé. Une nouvelle voie de désenclavement est ouverte (aujourd’hui le boulevard Sylvestre Marcaggi) et plusieurs cottages sont construits par Baciocchi puis par Bertin.

Un peu plus tard, Strasser-Ensté en fera l’acquisition pour y construire le luxueux Cyrnos Palace Hôtel qui accueillera ses premiers clients en décembre 1896.

La ville d’Ajaccio se dotera ainsi de tous les atouts pour être enfin consacrée officiellement station climatique par un décret du 10 juin 1912.

 

Tantôt aimée, (on l’appelle alors Zia Tumasgina) Miss Campbell devient parfois pour certain qui l’accusent d’être une manipulatrice habile cherchant à trop s’immiscer dans les affaires locales, la reine Thomasina ou encore, de manière plus méprisante, la Campbell.

Quand Miss Campbell décède subitement à Genève le 09 septembre 1888, Bernard Bradshaw hérite de tous ses biens. Il décède à son tour en janvier 1906 en laissant sa fortune à Strasser-Ensté qui met aussitôt en vente aux enchères publiques une grande partie de son héritage et notamment la Tour d’Albion qui sera rachetée par François Coty pour y créer une école de commerce.

 

Le 28 juillet 1896, un procès retentissant à lieu. Strasser-Ensté est traduit devant le tribunal de première instance d’Ajaccio. Il est accusé d’avoir spolié Bernard Bradshaw et de posséder la plus grande partie de l’héritage d’une vieille dame anglaise (Miss Cambell était alors âgée de 71 ans). L’avocat, Maître Casabianca, ne se montrera pas tendre avec l’accusé, ni avec Bradshaw d’ailleurs : « Et vous, qui êtes-vous ? Allemannd ?, Juif ?, d’où venez-vous ? Nous n’en savons rien non plus. […] Ce que nous savons seulement, c’est que vous avez construit un hôtel que vous louez à l’un de vos compatriotes; c’est que vous vivez avec un vieil anglais, M.Bradshaw qui n’est ni votre parent ni votre comatriote et dont pourtant vous avez toutes les affaires en main; c’est que vous possédez la plus grande partie de l’héritage d’une vieille anglaise, Miss Campbell […] Vous vous dites propriétaire de la Carosaccia mais l’enregistrement n’en porte aucune trace…. 

Puis l’avocat rappelle que : « Stasser-Ensté vit avec Bradshaw une vie commune sous le même toit […] Nous ne pouvons pas, pour faire plaisir à Staser-Ensté, adopter les moeurs d’Oscar Wilde […] Nous trouvons peu à notre goût les conversations intimes au crépuscule avec des cochers de fiacre […] Ces moeurs de l’ancienne Athènes ne sont pas faites pour nous….

 

Laisser un commentaire