PERSONNAGES CELEBRES Dorothy CARRINGTON (1910-2002)

Source : https://www.corsicamea.fr/personnages/carrington.htm

Frederica Dorothy Violet Carrington, Lady Rose, est née le 10 juin 1910 à Perrotts Brook, Cirencester,Gloucestershire, Angleterre.

Orpheline  à 10 ans (son père disparaît en 1913 et sa mère Susanna en 1920), elle est envoyée dans une pension de famille. En 1928, elle est admise à l’université de St Margaret’s Hall mais renonce finalement à préparer un doctorat en 1931. En 1936, elle épouse Franz Otto Resseguier, un aristocrate autrichien désargenté qui l’emmène en Rhodésie pour fonder une plantation de café. En 1938, à cause de l’Anschluss, Dorothy Carrington devient Allemande; contrairement à so mari, elle ne peut l’admettre; Elle divorce et rentre précipitament en Europe et pour retrouver sa nationalité Anglaise, elle fait un mariage de convenance en épousant Darcy Sproul-Borton. Au décès de ce dernier elle épouse en 1942, le peintre surréaliste Sir Françis Rose qui menait une vie fortunée dans les années 30 mais qui est complètement ruiné quand il rentre en Angleterre au début de la guerre.

Cest en 1948, qu’encouragée par Jean Cesri, un Corse, ancien résistant, exilé en Angleterre, elle effectue le premier de ses quatre voyages en Corse. Elle débarque à Ajaccio un matin de juillet en compagnie de son troisième mari, et tombe immédiatement amoureuse d’un pays dont elle dira : »lorsque j’ai vu du bateau par lequel j’arrivais, surgir cette ile sortie de la mer, j’ai été fascinée par autant de beauté et je suis immédiatement tombée éternellement amoureuse de la Corse« .

Au cours de ses voyages successifs, elle parcourt la Corse à pied, à cheval, en voiture  couche dans les bergeries, interroge les femmes qui lisent l’avenir dans l’huile, fouille les archives, découvre une sorte de réserve culturelle préservée de l’industrialisation. Subjuguée par la beauté de l’île, elle décide de s’y installer définitivement en 1954 sans son mari homosexuel dont elle divocera en 1966.

 

Les débuts de Doroty Carrington en Corse ne sont pas faciles. Elle s’installe dans un modeste appartement près de la citadelle et gagne sa vie comme elle peut en écrivant des articles pour les journaux locaux; elle devient traductrice en simultané lors de congrès à Ajaccio ou à Bastia, se fait guide touristique pour des visiteurs étrangers.

Historienne, archéologue et sociologue, Dorothy Carrington ne se contente pas de relater avec émerveillement ses voyages, ou de nous rappeler sous un éclairage nouveau l’histoire et l’ethnologie de l’île de granit; elle nous apporte des hypothèses astucieuses sur les secrets qu’elle n’a pu percer et des révélations sur ceux dont elle a trouvé la clé. Son apport sur les mégalithes, les giovannali, les églises pisanes et la Constitution de Paoli (1755) est considérable. De plus, courageusement, elle n’élude aucun des épineux problèmes humains comme le destin, l’honneur, la paresse, l’écroulement du système collectif et des coutumes ancestrales, la condition féminine, l’émigration, le tourisme, l’autonomisme, etc…

En 1971, elle écrit son chef-d’œuvre, « Granite Island » qu’elle fait bublié à Londres et qui remportera le prix Heinemann. Elle va poursuivre des recherches très approfondie sur Pasquale Paoli « The corsican constitution of Pasquale Paoli« ; sur la vie des Bonaparte « Napoléon et ses parents au seuil de l’histoire », publié à Londres en 1988 ; sur « The dream-hunters of Corsica«  qui traite du côté sombre et menaçant de la psyché corse et des croyances populaires qui fascinent sont esprit et qui sera traduit en 1998 aux éditions Alain Piazzola sous le titre « Mazzeri, Finzioni, Signadori« .

C’est aussi en partie grâce à son travail qu’elle persuade les archéologues français de se rendre en Corse pour y étudier le désormais célèbre site mégalithique de Filitosa.

En 1986, le ministre français de la Culture décerne à Dorothy Carrington la croix de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres qui lui sera remise à Ajaccio à la Casa Pozzo di Borgo, rue Bonaparte.

En 1991, elle est élue docteur honoris causa de l’université de Corte pour ses écrits concernant l’île de beauté.

L’année suivante, le consul général de Grande-Bretagne lui remet au nom de la Reine d’Angleterre, l’insigne de membre de l’Empire Britannique pour ses travaux de recherche sur la Corse depuis un demi-siècle. Dorothy Carrington était membre de la Royal Historical Society et de la Royal Society of Literature.

En juin 1993, à l’hôtel de ville d’Ajaccio, on lui décerne le prix littéraire de la Napoleonic Society of America. Enfin, suprême hommage pour cette corso‑britannique, elle recevait en 1995, au nom de la reine d’Angleterre, l’insigne de membre de l’Ordre de l’Empire britannique pour ses travaux et ses recherches sur la Corse depuis près d’un demi‑siècle.

 

A la fin de sa vie, Dorothy Carrington confiera : « Je n’oublierai jamais mon arrivée à Ajaccio, à l’aube. Je revois encore la Corse surgir de l’eau comme un rêve fabuleux. La ville était ravissante, sortie d’un conte. Ce fut un véritable choc… Les inattendus de la Corse m’ont rendu la vie fascinante ».

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A sa mort, le journal Le monde écrira le le 29 janvier 2002 : « Avec Dorothy Carrington, décédée à son domicile ajaccien vendredi 25 janvier à l’âge de 91 ans, c’est l’une des figures les plus attachantes de la Corse contemporaine qui disparaît. Un regard des plus aigus, des plus lucides aussi, qu’on ait portés sur les réalités et les mythologies insulaires aujourd’hui ».

Selon sa volonté, celle que l’on a défini comme la plus Corse des étrangères, repose désormais au cimetière marin des Sanguinaires sur cette terre d’adoption qu’elle a tant aimé.

 

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