Source : https://www.corsicamea.fr/personnages/gance.htm
Abel Gance est né à Paris le 25 octobre 1889.
A sa naissance, comme son père ne le reconnaît pas, il est enregistré à l’état civil sous le nom de sa mère, Françoise Perthon.
Françoise Perthon épousera plus tard Adolphe Gance le 05 juin 1897. Par leur mariage, ils légitiment Abel, qui portera désormais le patronyme de Gance.
Abel Gance fonde la société des Films Français en 1911 et réalise son premier long métrage, La digue, la même année. De 1911 à 1917, il essaie de mettre son imagination au service du cinéma muet et signe une quinzaine de films qui le font connaître du public français (Le nègre blanc, 1912 ; Le masque d’horreur, 1912 ; La folie du docteur Tube, 1915 ; Barberousse, 1917 ; La zone de la mort, 1917). Mais c’est avec J’accuse (1919), que commence la série des grands films réalisés par Abel Gance: La roue (1923) et Napoléon (1927). Ce dernier film, conçu pour le « triple écran », innove un procédé de film avec trois caméras par juxtaposition qui donne une largeur d’image trois fois supérieure au format traditionnel et permet aussi un récit en trois images différentes, la « polyvision », regorgera pour l’époque, de trouvailles visuelles et d’audaces en tous genres, mobilisera une figuration énorme, mais le ruina.
D’ailleurs, le film s’arrête à la campagne d’Italie de l’Empereur et est interrompu faute de crédits. Remanié à plusieurs reprises par Gance lui-même, puis par l’historien anglais Kevin Brownlow en 1981, il fait un triomphe auprès des différentes générations. L’arrivée du cinéma parlant mettra définitivement fin à la carrière du cinéaste.
Le tournage du film d’Abel Gance « Napoléon », annoncé le premier avril 1925 par le journal La Nouvelle Corse va servir la cause du parti bonapartiste lors des élections municipales.
Ce gigantesque projet doit, dit-on , s’étaler sur deux années de tournage dans de nombreux pays.
Dès les premiers jours, les employés d’Abel Gance se mettent en quête de figurants. Une sélection des candidats est organisée dans la villa Palmieri sur le cours Grandval. Dans son édition du 06 mai 1925, Le journal L’Eveil de la Corseprécise que « de bonne conditions seront faites aux figurants, de préférence barbus« .
La presse, dans son ensemble, suit avec attention les préparatifs de l’opération. Même le journal A Muvra qui prend soin de préciser que son idéal patriotique demeure Pascal Paoli, souhaite la bienvenue aux promoteurs du film car bien sur, Napoléon est Corse avant tout !
Des centaines de figurants sont recrutés à travers l’île pour tourner des scènes de la révolution dans un cadre reconstitué pour l’occasion autour de la cathédrale et de la plage de Capitellu. Bientôt, l’évènement est au centre de toutes les conversations et les curieux, de plus en plus nombreux, se pressent sur les lieux du tournage. Au fil des semaines, la population s’habitue à l’ambiance entretenue par le film à tel point qu’elle n’est plus surprise de croiser dans les rues d’Ajaccio un Napoléon à cheval, ou un Pozzo di Borgo à pied (rôle tenu par Acho Chakatouny). Eugénie Buffet joue le rôle de Letizia, Philippe Hériat est Saliceti, le rôle principal est tenu par Albert Dieudonné.
Les décors et les costumes sont si parfaits que lorsque Dieudonné – qui sera d’ailleurs élu citoyen d’honneur de la ville par Dominique Paoli – rentre le soir à cheval à son hôtel entouré de soldats, Ajaccio croit voir le retour de l’enfant prodigue. L’illusion est si forte que la foule chante en coeur l’Ajaccienne.
On dit que l’acteur fut tellement marqué par son personnage qu’il finit par s’identifier à l’Empereur lui-même. A sa mort en 1976 et selon ses dernières volontés, il sera d’ailleurs enterré habillé du costume de celui qu’il avait incarné au cours du tournage.
En attendant, la ville se dispute acteurs et techniciens pour les avoir à sa table.
Une fois les épisodes de la première jeunesse de Napoléon achevés (le rôle de Napoléon jeune est tenu par Vadimir Roudenko), l’équipe se déplace en divers points de l’île apportant ainsi au pays d’appréciables recettes et l’oubli temporaire de la campagne électorale.
En juin 1925, toute l’équipe regagne le continent pour la suite du tournage…
Ce film, aux moyens démesurés pour l’époque, comprend deux scènes montées en triple écran. Le tournage, commencé le 15 janvier 1925, se termine en juin 1926 après une interruption de 6 mois par manque de moyens financiers. Il a nécessité 450.000 mètres de pellicule, 18 caméras et un montage de plus d’un an de travail. Abel Gance sortira de cette aventure complètement ruiné en disant : » J’ai donné à Napoléon mon âme, mon coeur, ma vie et ma santé pour faire le plus beau film de notre pays… »
La première projection (durée: 03h20) aura lieu le 07 avril 1927 à l’opéra Garnier de Paris.
C’est seulement au début du mois d’août 1987 que le film, dans sa version originale, d’une durée de cinq heures, sera projeté à Ajaccio sur un écran géant de 24 mètres de long sur 6 mètres de haut installé place du Casone.