LES BANDITS CORSES Giuseppo ANTONMARCHI dit GALLOCHIO (1800 ?-1835)

Source : https://www.corsicamea.fr/bandits/bandit-gallochio.htm

Il se nomme Giuseppo ANTONMARCHI mais on le surnomme Gallochio (le petit coq) sans doute  à cause de sa voix enrouée qui tend vers les aigus. Né, on ne sait exactement, entre 1800 et 1802, il est l’aîné d’une famille de six enfants (quatre garçons et deux filles). Sur les conseils du curé du village qui a vu en Giuseppe un enfant doué, son père décide de lui faire poursuivre ses études au séminaire d’Ajaccio.

Giuseppe à 16 ans. Régulièrement, il retourne dans son village d’Ampriani où il lui arrive de service la messe.

Le petit abbé, qui n’a pas encore été ordonné prêtre, attire sur lui les regards des filles du pays et très vite, le sien croise celui de la belle Maria-Grazia-Luisa Vincensini qui vient tout juste d’avoir 15 ans et qui habite le village de Casevecchie (à l’époque, sur les  communes de Noceta et de Rospigliani).

L’amour faisant le reste, le brave garçon perdant sa foi et sa vocation religieuse, tombe très vite amoureux. Il range sa soutane et fait promettre à Marie-Louise qui l’aime aussi mais qui hélas est déjà promise -mais qu’importe- qu’elle deviendra sa femme. On procède donc à la cérémonie de l’abraccio et la  date du mariage est fixée pour la fin novembre.

Mais, c’est sans compter sur la détermination de Rosetta, la mère de Maria-Louisa, qui a décidé d’un meilleur parti pour sa fille et qui est prête à tout pour se débarrasser de ce prétendant qu’elle juge indésirable et surtout pas assez riche.

Elle persuade le pauvre Gallochio d’une idylle naissante entre le jeune Cesario Négroni et sa fille.

Alors Gallochio n’a pas d’autre solution que de simuler, avec son consentement, l’enlèvement de la jeune fille, croyant que cette scapaticcia (fugue), selon la coutume, obligera ainsi les parents de Marie-Louise à considérer leur union comme un fait accompli. Mais Rosetta porte plainte contre Gallochio pour enlèvement et séquestration de mineure et toute la famille se lance à la poursuite des deux jeunes gens qui se sont réfugiés à Campi.  Maria Luisa est forcée de retourner chez ses parents et Gallochio qui ne comprends pas la violation de cette tradition ancestrale, demande des explications au père de la jeune fille qui déclare retirer sa plainte puisque sa fille lui est revenue.

Mais le personnage intriguant de Rosetta, va tout mettre en oeuvre pour écarter le prétendant. La plainte n’est pas retirée et ce qui aurait pu s’arrêter là deviendra l’histoire du terrible bandit Gallochio lorsqu’un soir, les gendarmes se présentent au domicile des parents du pauvre garçon qui a déjà pris le maquis.

Pendant ce temps, Rosetta fait officialiser les nouvelles fiançailles avec César Negroni.

Gallochio, anéanti par la nouvelle de cette union et par les fausses accusations de la famille Vincensini, envoie par un ami,  au père de Maria Luisa, la traditionnelle menace du « Garde-toi, je me garde » et fait savoir à Rosetta que le mariage qu’elle a organisé ne se fera pas… Ce gringalet qui la menace, ne fera jamais peur à personne pense-t-elle !

Et pourtant… La veille du mariage, le père de Marie-Louise, Angeloe-Giuseppe Vincensini est abattu d’un coup de fusil en pleine tête. Gallochio vient d’accomplir sa vengeance. C’est le début d’une longue série de meurtres, l’époque sans doute la plus meurtrière du banditisme en Corse.

Et puis le mariage à lieu, le village est en liesse mais dans la maison de Gallochio, les volets restent clos. Tard dans la nuit, Marie-Louise et son époux ont regagné la chambre nuptiale. Dehors, Gallochio attend patiemment son heure. Il lance des petits cailloux contre les persiennes closes qui ne tardent pas à s’ouvrir. Un coup de feu semblable à un coup de tonnerre raisonne dans la nuit. César Négroni s’effondre, un trou béant au milieu du front, coupable seulement d’avoir épousé une fille qui ne lui était pas promise.

A Matra, c’est ensuite le tour des deux cousins de la famille qui ont pris également part à la vendetta, Joseph et Victor  Filippi, de François-Xavier Giacobetti, frère de Rosetta.

En représailles, le frère de César Négroni, Jules dit « Pévérone« , abattra le plus jeune frère de Gallochio, Carlo-Filippo. Pour ce crime et deux autres, Jules Négroni sera arrêté et jugé le 31 janvier 1839. La cour de cassation le condamnera à perpétuité. Envoyé au bagne de Toulon, il se suicidera deux ans plus tard en se sectionnant les veines. Les deux autres frères de Gallochio, Françescu et Don Marcu seront abattus à Rusiu, par les gendarmes le 04 janvier 1822. Seule la soeur, Maria Antonmarchi, survivra dans la famille, à l’affreuse tuerie.

Le 12 mars 1821, Gallochio et son frère Don Marco (qui à participer à la Vendetta et l’a suivi au maquis) sont jugés par contumace par la cour de justice criminelle de Bastia et condamnés à 20 ans de travaux forcés pour enlèvement avec violences, puis le lendemain, à mort pour le triple assassinat.

Gallochio, c’est aussi en 18 mois, les assassinats d’une trentaine de gendarmes perpétrés en compagnie du bandit Sarrochi dit « Ceccu« , de Tiodoru Poli, et des frères Gambini de Corte avec lesquels Gallochio et son frère François se sont liés pour mieux se défendre contre la maréchaussée et le bataillon de voltigeurs Corses créé le 06 novembre 1822.

 

Un jour, à Ghisoni, une jeune fille qui coupait du bois dans la forêt est attaquée et violée par un homme qui prétend s’appeler Gallochio. La jeune fille déshonorée, ne trouverait jamais plus à se marier. Gallochio, informé de cette histoire, va trouver la jeune fille qui, bien sur, ne reconnaît pas en lui son agresseur. Elle fait au bandit une description précise de ce dernier, lequel est aussitôt identifié comme étant un berger des environs. Gallochio va le trouver, le ramène à Ghisoni et l’oblige à réparer sa faute séance tenante en épousant sa victime. Les parents de la jeune fille, soulagés ne savent comment remercier Gallocchio. Le mariage est aussitôt célébré par le maire « réquisitionné » pour la circonstance.

Mais l’affaire n’en reste pas Là. Gallochio invite le nouvel époux à le suivre dans un endroit à l’écart et lui loge sans autre forme de procès, une balle dans la tête. La jeune femme mariée et veuve le même jour ne méritait pas aux yeux de Gallochio, un mari de cette espèce. Depuis ce temps, plus personne n’à eu envie d’usurper l’identité du fameux bandit.

 

Impuissant à endiguer la violence des bandits toujours plus présents, le préfet de la Corse décide de traiter avec eux en leur offrant l’impunité et des passeports pour quitter le pays. C’est ainsi, qu’en Août  1823, Gallochio part en Grèce pour s’enrôler dans l’armée gouvernementale qu’il ne quittera qu’en 1826, avec un grade d’officier supérieur, pour revenir en Corse. Il n’a pas 30 ans et il est riche.

 

Mais au pays, le destin attend Gallochio.

Le 18 novembre 1835 sur la commune d’Altiani, les frères Serpentini de Focicchia sont en train de labourer leur champ en compagnie d’un ami, Ange Poli quand ils aperçoivent le bandit qui se dirige vers eux. Ils connaissent Gallochio qui est un habitué de la région et ils n’ont pas lieu de s’alarmer.

Que s’est-il donc dit ce jour là? Quels propos ont pu être échangés ? Le bandit venait-il chercher vengeance pour la mort de son jeune frère ?…. Le temps en a perdu les raisons.

Soudain, Gallochio, qui tente de décharger son fusil sur ses agresseurs, s’effondre. L’un des frères Serpentini vient de lui asséner dans le dos un coup de hachette mortel.

Ainsi s’achève brutalement la terrible vendetta de celui qui fut par 45 fois meurtrier et par 27 fois condamné à mort par contumace. Le scapulaire de la Sainte Vierge qu’il portait à son cou, cette fois là ne l’avait pas protégé.

D’autres versions fantaisistes de la mort de Gallochio ont été rapportées. La plus romancée reste celle d’Henri Pierangeli, avocat, homme politique et romancier qui écrivait sous le pseudonyme d’Henri Pierhome.

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