Le chef des paolistes de Calenzana : Giuseppe Maria LODOVICI (1729 -1766)

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  • Par Jean Pierre Poli
  • 29 décembre, 2015
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Calenzana est le gros bourg de la pieve d’Olmia, au sud-est de Calvi. Cette dernière fait partie, avec Bastia, Ajaccio et Bonifacio, des principales « presides », villes de garnisons, qui maintiennent pendant la Révolution de Corse leur liens politiques, économiques, familiaux et patrimoniaux, avec les génois.

Après son élection, le 14 juillet 1755, comme Général de la nation, Pasquale PAOLI obtient le soutien de la Balagne à l’exception de la pieve d’Olmia qui se montre hostile à un rapprochement avec les nationaux, préférant conserver ses contacts commerciaux et son entente politique avec les calvais.

C’est ainsi que pendant huit ans Calenzana demeure dans une situation où ses habitants ne sont ni sous l’autorité réelle de Gênes, ni sous celle du pouvoir paoliste.

Le général PAOLI est conscient de ne pouvoir obtenir une reddition des forces génoises installées dans les présides sans une asphyxie économiquement et le basculement d’une partie de la population de ces cités dans le camp national. Cela ne serait possible qu’après l’adhésion des communautés qui les entourent.

Le 25 janvier 1756 Paoli écrit à un de ses hommes de confiance en Balagne, Don Gregorio SALVINI de Nesce, en vue du règlement d’un conflit local : « mon but principal a été de faire comprendre aux habitants de Calenzana que nous ne les regardons pas comme des ennemis, et que, lorsqu’ils demandent qu’on leur rende justice, comme on le fait pour les autres, on le fera. Puisqu’il est difficile de les soumettre par les armes, il ne serait pas mauvais de les vaincre par la douceur »

Avant l’arrivée à Calvi des troupes françaises à la suite du premier Traité de Compiègne, en 1756, Paoli s’adresse à Simone Giovanni GIUDICELLI de Montemaggiore : « Je crois que les populations de Calenzana, ayant eu autrefois l’occasion de traiter avec vous, se repentirons peut être de ne pas l’avoir fait. Inspirez leur adroitement de constituer un Magistrato ou une petite forme de gouvernement (…) promettez leur l’assistance de votre province, et un bon accueil. La politique consiste à leur faire exécuter un petit pas (…) s’ils se souviennent que les populations qui souffrirent le plus du temps des français, furent celles de Moncale et Calenzana »

Un fois encore, en 1759, il écrit au Magistrato de Balagne : « La population de Calenzana se retrouve enveloppée dans mille divisions. Il est vraiment temps de lui offrir votre médiation (…) La patrie, bien que Calenzana ne le mérite pas, doit faire ce pas pour se faire connaître toujours mère indulgente et attentive (…) »

Ces tentatives se soldent par un échec et PAOLI exprime son dépit à SALVINI après que des calenzanais, en 1761, aient livrés des prisonniers corses à la soldatesque génoise de Calvi : « Si les gens de Calenzana avait assassiné tous ceux qu’ils ont capturés, cela m’importait peu ; mais qu’ils aient fait venir les soldats génois, les leur aient consignés et que ceux-ci les aient conduits à Calvi, m’a fait comprendre qu’ils sont toujours à leur dévotion ».

PAOLI compte alors sur la mobilisation des autres communautés de Balagne et surtout sur son noyau de partisans au sein même de Calenzana pour, à compter de 1762, mettre en place une stratégie plus active destinée à faire changer de camp la communauté calenzanaise.

Le 3 août 1762 Pascal PAOLI demande au Magistrato de Balagne, c’est-à-dire à l’ensemble du gouvernement provincial, de transférer sa résidence dans la piève de Pino où Montemaggiore et Cassano constituent un bastion national aux portes de Calenzana. Ceci s’impose « pour pouvoir plus aisément traiter, mais avec toute la prudence et la sureté possibles, avec quelques-uns des notables de Calenzana, le retour de ce village à notre patrie ». Domenico ARRIGHI de Speloncato, placé par circulaire à la tête des troupes de la province, a pour mission d’imposer la stratégie paoliste. Le général avait précédemment écrit à SALVINI en ces termes : « J’ai confiance en Domenico Arrighi, il est honoré et plein de zèle. A cela s’ajoute la correspondance de parenté qu’il a maintenu avec notre maison et je suis sûr de son implication personnel ».

La situation préoccupe au plus haut point PAOLI qui écrit, le 29 septembre 1762, au Magistrato : « L’affaire de Calenzana, gérée adroitement, réussira sans aucun doute. Je vous prie de me tenir au courant des progrès que vous ferez dans cette affaire ».

Le meneur des nationaux à Calenzana est Giuseppe Maria LODOVICI, notable local, né le 10 janvier 1729 de Gio Batta et de Maddalena, qui est désormais en évidence avec l’appui d’un parti de villageois. Paoli en est très satisfait et, le 10 décembre 1762, il en informe Gregorio Salvini : « j’écris aussi une lettre élogieuse à Monsieur Lodovici ».

Si LODOVICI est le représentant officiel de Calenzana à la Consulte de Corte convoquée en mai 1763, il demeure que le village ne fait pas encore partie des zones contrôlées par les nationaux et les partisans de Gênes y sont très actifs. PAOLI, s’adressant à SALVINI le 15 juin 1763 analyse cette situation qui impose d’agir sans précipitation : « Les Gênois voudraient créer un incident à Calenzana. Quelques-uns, un peu trop zélés de la Pieve de Pino, sollicités par Monsieur Ludovici, se montrent désireux de rendre ce service aux génois. Ce même Monsieur Ludovici m’écrit que désormais l’entreprise serait facile, même avec les troupes de la seule province de Balagne. Moi pourtant, en voyant ses propres parents spectateurs oisifs de ses ennuis, je ne sais qu’en penser.
Le prêtre Giovanni m’écrit à son tour qu’occuper Calenzana est chose aisée et que, avec deux ou trois compagnies régulières, il est facile de tenir ce village en bride.
Le bénéfice de cette opération je ne le vois pas. (…) Il se pourrait que mon attitude ne vous plaise pas, mais considérez-là comme la bonne et persuadez les autres à ce tenir à cette position ».

Paoli préfère une adhésion massive des calenzanais et de leurs notables, plutôt que d’avoir recours à une occupation militaire qui immobiliserait des troupes plus utiles par ailleurs. Ce recours à la persuasion lui paraît préférable et d’une efficacité prévisible en raison de l’affaiblissement progressif du camp génois.

Le 2 septembre 1763, le Général est au couvent de Speloncato, il y rencontre pour un échange de vue Domenico ARRIGHI, Simone Giovanni GIUDICELLI et Antonio PIZZINI, ce dernier membre de la Junte de lutte contre les séditieux, et il en informe SALVINI : « Si l’on devait craindre que la soumission de Calenzana ne soit retardée sur le conseil de quelque patriote, il serait bon que vous vous rendiez en ce lieu »

La protection de LODOVICI, est assurée dès le 3 septembre par un courrier officiel au Magistrato : « Monsieur Giuseppe Maria Ludovici est placé sous la protection de la communauté (…) Il pourra vivre partout en paix et nous lui avons donné des instructions qu’il doit parfaitement observer. Mais dans le cas où il serait attaqué par ses ennemis, nous avons ordonné à Messieurs les Présidents et chefs d’armes de la pieve de Pino qu’ils accourent le défendre (…)

Les évènements se précipitent, le commissaire génois de Calvi en référe à ses supérieurs. Il leur signale que le 6 septembre sont arrivés, pour la seconde fois, à Calenzana cinq chefs paolistes « lesquels sont Domenico Arrighi et Marco Maria Carli tous deux de Speloncato, Simone Giovanni Guidicelli de Montemaggiore, le père Bonfiglio servite de Belgodere et le lieutenant Capochia (il s’agit de Dominique Agostini de Speloncato), qui fût prisonnier à Algajola avec six fusiliers toujours sous le prétexte de régler des inimitiés particulières mais en réalité pour retourner [Calenzana] à sa dévotion ».

LODOVICI met à profit cette présence pour occuper avec ses affidés la maison de villégiature des évêques de Sagone à Calenzana. Cet acte est symbolique à un double titre. D’une part il prend acte de la déchéance de l’évêque en titre Giuseppe Maria MASSONI, né en 1707 à Calenzana, opposant au parti national et résidant désormais à Gênes. A l’instigation de PAOLI le chapitre de Sagone a nommé un vicaire pour le remplacer. D’autre part, la maison épiscopale constitue désormais un poste armé qui concrétise aux yeux de tous le passage de Calenzana dans le camp national.

De Speloncato, le général PAOLI écrit dès le 8 septembre un courrier officiel à LODOVICI. Il lui ordonne de fortifier la maison avec des mâchicoulis et de s’y installer solidement, avec armes munitions et vivres. Il prescrit d’indiquer aux calenzanais que le but est uniquement d’empêcher que les génois s’emparent de Calenzana. Il lui précise avec insistance : « Vous avez ordre de ne faire aucun mal à quiconque, à moins que ce soit pour défendre le poste que vous occupez. Que même vos ennemis peuvent aller et venir librement et sans crainte dès lors qu’ils s’engagent à vivre paisiblement et à ne pas commercer avec les présides génois. ».

Paoli lui manifeste, dans ce courrier, combien il est satisfait de l’attitude des notables locaux sans qui l’occupation n’aurait pu aboutir. Il ajoute qu’il saura en tenir compte à l’avenir.

Mais il ne veut pas que ce ralliement fragile soit remis en cause par des querelles locales. Il s’adresse en particulier au Magistrato de Balagne le 19 septembre 1763 « Le succès de Monsieur Ludovici de Calenzana, comme il s’agit d’une affaire entre ennemis, n’est pas de grande importance, si pourtant il n’entraine pas un autre inconvénient encore plus grand (…) »

A cette époque Paoli entreprend un déplacement avec une importante escorte dans le delà des monts. Le but avoué est d’installer les structures administratives de la nation jusqu’à Sartene En fait PAOLI entend être présent pour investir Ajaccio à la tête des nationaux grâce à la prise de la citadelle ourdie par Giuseppe Maria MASSERIA depuis six mois. La tentative se solde par un échec tragique au grand dam du Général.

Si l’entreprise n’a pas réussi, elle a révélé aux génois la fragilité de leurs positions et qu’une partie de la population, acquise aux nationaux, était prête à agir. Et cela, non seulement pour mettre un terme à leurs difficultés économiques, mais par un attachement aux idées de liberté que Paoli incarne

Les génois qui voient se refermer l’étau sur leurs places fortes intensifient leurs actions à Calvi quand ils prennent connaissance de la circulaire le Magistrato de Balagne qui stipule que tout commerce avec les présides est passible de peine de mort.

A l’instigation de Gênes Monseigneur MASSONI est de retour à Calvi, en octobre 1763, malgré un état de santé précaire. Il entend reprendre ses fonctions et s’opposer à son remplacement. Il manifeste, d’autre part, son intention de se rendre dans sa maison de Calenzana « pour changer d’air ». LODOVICI lui répond alors que cette maison est occupée par les troupes du Général et qu’il ne cédera pas la place.

Mg MASSONI passe alors courageusement de Calvi à Calenzana. Une nouvelle publiée par I Ragguagli nous apprend que LODOVICI l’a informé qu’il ne pouvait y rester sans rendre compte de sa conduite passée au gouvernement national. La prise de position de LODOVICI n’obtient que des réponses évasives.

Sa présence de l’évêque constitue un véritable problème pour PAOLI. Il réagit alors avec d’autant plus de vivacité qu’il apprend les visites que des ecclésiastiques lui rendent : « Il faut être un génois pourri dans son corps et dans son âme pour désirer aller visiter Massoni à Calenzana, qui est venu dans ce village pour s’opposer au parti de la Nation »

La tension monte à Calenzana où Mg MASSONI tient des discours séditieux et accordent, à l’appui de sa bénédiction, des indulgences aux partisans de la République de Gênes. Ceux-ci hissent le drapeau à croix rouge pour l’opposer à celui à tête de maure installé par les nationaux sur les remparts de la maison fortifiée.

La nuit du 13 décembre, des soldats génois escortés de calenzanais font sauter, avec deux barils de poudre, le poste des nationaux, qui déplorent deux morts et des blessés dont LODOVICI.

La réaction paoliste ne tarde pas. Le 14 décembre, dès cinq heures du matin, cent paolistes de la pieve de Pino rassemblés par, Francesco GRAZIANI de Cassano et Simone Giovanni GIUDICELLI de Montemaggiore occupent en silence les postes les plus importants. Puis c’est près de trois milles hommes sous les ordres du Capitaine Antonio PIZZINI de Speloncato qui investissent le village et arrête Mg MASSONI avant qu’il puisse se réfugier à Calvi.

Devant cette réaction, les notables calenzanais écrivent aussitôt à PAOLI pour lui affirmer la fidélité de leur communauté à la nation corse.

Le 17 décembre PAOLI indique qu’il n’a pas encore répondu à « ces messieurs de Calenzana » mais qu’il a demandé à Domenico ARRIGHI de le tenir au courant de la suite des évènements et de lui « désigner les bons et mauvais éléments du village ». Il ordonne que Mg MASSONI soit placé en résidence surveillée à Belgodere ou Speloncato et écrit au Pape pour justifier cette mesure. Il décide en même temps que les notables de Calenzana soient conduits à la Consulte de Corte pour traiter de leurs affaires.

Les nationaux sortent vainqueurs de ces évènements et une lettre de PAOLI à Domenico RIVAROLA nous apprend que la communauté de Calenzana a prêté serment de fidélité à la patrie en arborant le drapeau national avec une triple décharge d’armes.

MASSONI est désormais relégué à Speloncato. Il va y mourir le 30 mai 1765 dans la maison de Domenico ARRIGHI. Le journal paoliste I Ragguagli annonce son décès le 28 juillet en rappelant son attachement passé au parti génois mais en indiquant : « Dès que le village de Calenzana a pris fait et cause pour la nation, et qu’il a vu toute sa parenté qui est considérable montrer tous son zèle pour l’intérêt commun, il semble qu’il ait lui-même changé de sentiments (…) ».

L’administration corse se met alors en place et le Général PAOLI, avant de se rendre dans le village, ordonne symboliquement l’exécution de deux voyous : « La rumeur publique et la notoriété suffisent contre les voleurs (…) n’hésitez donc pas à les faire exécuter. Ces exemples de rigueur confirme un peu plus le pays dans son attachement à la patrie, en voyant comment on exerce la justice entre nous, alors qu’on en avait jamais vu l’ombre lorsque ces pays étaient sous la protection des génois ».

Les calenzanais sont désormais opposants à Gênes et s’attaquent au territoire calvais. I Ragguagli s’en fait l’écho le 26 avril 1764 : « La troupe de Calenzana, commandée par Monsieur Ludovici, uni a l’escadron volant de la province, a effectué une descente générale sur tout le territoire de Calvi, arrivant aux portes de ce preside. Ils ont dévasté tous les moulins sans aucune perte pour les nôtres ». Des notables influents, comme Giovanni Francesco BUONACCORSI, participent désormais aux instances dirigeantes de la Nation corse.

En 1764, le ralliement de Calenzana et la prise d’Erbalonga le 30 avril, au nord de Bastia, annoncent des difficultés grandissantes pour les Génois. Ils doivent s’approvisionner par mer et voient de plus en plus d’habitants des présides acquis aux idées nouvelles se rapprocher ostensiblement des nationaux et rejoindre Corte.

Le deuxième Traité de Compiègne conclu avec le Roi de France sauve les génois. Des troupes françaises s’installent à partir de décembre 1764 dans les présides de Calvi, Algajola, Saint Florent, Bastia et Ajaccio Les projets de Paoli sont alors bloqués

Le calme est superficiel à Calenzana où LODOVICI, élu aux fonctions de père du commun avec Giuseppe Maria MARINI, défend auprès des autorités corses les intérêts du village (Cf. un mémoire du 19 mars 1765 relatif au conflit avec les bergers du Niolo).

PAOLI conscient de la précarité de la situation, ignore les sollicitations de certains notables en faveur du retour au village d’anciens pro-génois installés à Calvi. Il est en particulier question d’un certain GIANLONGHI qui s’était opposé avec des FABIANI, au coup de force des paolistes en tirant sur leur maison fortifiée quand avait été hissé la bandiera nationale.

Les opposants aux paolistes sont revigorés par la présence française à Calvi. Les inimitiés n’ont pas disparues et Giuseppe Maria LODOVICI en est victime. Assassiné à l’âge de 37 ans, il est enterré au couvent d’Alziprato le 10 avril 1766, laissant une femme et deux filles.

Les parents de Giuseppe Maria LODOVICI, menacés par les parents de l’assassin, « il Caravello », se rendent alors à Corte. Ils demandent à PAOLI d’assurer leur protection en intervenant pour eux afin d’obtenir l’intervention pacificatrice de la puissante famille BUONACCORSI. Un courrier est adressé en ce sens le 4 juin 1766 par PAOLI au Magistrato de Balagne.

Le Général, toujours attentif au sort des enfants de combattants morts pour la patrie, intervient auprès de ses partisans. Ils leur demande de marier convenablement Maria et Maddalena filles de LODOVICI et de veiller sur sa veuve.

Maria LODOVICI, née le 10 octobre 1746, épouse en juin 1766 Pietro ARRIGHI, fils de Domenico ARRIGHI, membre du Conseil Suprême. Installés à Speloncato ils auront huit enfants. Leur fils ainé Giuseppe Maria, né le 14 septembre 1767, est l’auteur renommé du Voyage de Lycomède en Corse (publié chez Lerouge à Paris en 1806). Leur benjamin recevra en souvenir de son grand père, le prénom de Lodovico, le 4 décembre 1793.

Maddalena LODOVICI née en 1750, épouse Vincenzo GRAZIANI, riche propriétaire de Cassano. Le mariage est célébré le 28 août 1767 à Speloncato où Maddalena est réfugiée avec sa mère Catarina. Cette dernière y décède le 10 juillet 1770. Le couple s’installe ensuite à Cassano et a une postérité.

Giuseppe Maria LODOVICI, homme de conviction et de courage, est allé au bout de son engagement paoliste. Injustement oublié, il mérite une place dans la saga des hommes qui honorent la nation corse.

JEAN PIERRE POLI (Pour l’Accademia Corsa di Nizza. Le 17 décembre 2015)

Source

principale :
Correspondance de Pascal PAOLI, Tomes 1 à 6 Edition critique établie par A-M GRAZIANI et C BITOSSI (Ed. Piazzola et ISIEMC)

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