LA MARINE MARCHANDE EN CORSE La compagnie Fraissinet (1836 – 1968)

Source : https://www.corsicamea.fr/chroniques/navires/fraissinet.htm

La Compagnie Fraissinet a été fondée en janvier 1836 à Marseille par Marc Fraissinet qui va s’allier au courtier d’assurance Chancel. En 1841, Fraissinet rachète la compagnie.
En 1853, l’entreprise est rebaptisée Compagnie marseillaise de navigation à vapeur.
En 1860, la société possède dix navires.
En 1865, l’augmentation du capital de l’entreprise permet l’achat de six nouveaux navires.

En 1868, les navires de la compagnie Fraissinet relient la Corse et Livourne.

En 1870, en raison de la guerre franco-prussienne, le service vers la Corse est suspendu et plusieurs navires sont vendus.
La société refait surface en 1874 sous le nom de Nouvelle société maritime de navigation à vapeur et obtient du gouvernement français le service postal à destination de la Corse.

En 1892, Fraissinet absorbe la société corse Morelli et ses cinq navires (Bocognano, Ville de Bastia, Comte Bacciochi, Persévérant et Evénement).
À la fin du XIXe Fraissinet dessert le Languedoc, la Corse (service postal), la Sardaigne, l’Italie, la Riviera française et italienne, Constantinople, la mer Noire et l’embouchure du Danube, Oran, Dakar et Libreville (service postal).

Le 7 Juin 1903, le Liban enter en collision avec l’ Insulaire à quelques miles au large du port de Marseille, causant la mort de plus de 100 personnes. L’accident provoquera une violente campagne de presse contre Fraissinet et lui fera perdre le service postal à destination de la Corse en 1904 au profit de la Compagnie française de navigation et de construction navale qui ne pourra pas cependant exécuter le contrat qui est rétrocédé à Fraissinet en 1905.
Pendant la Première Guerre mondiale la flotte Fraissinet est gravement endommagée et c’est avec seulement 10 navires que Fraissinet va réorganiser l’entreprise autour des lignes de Corse et d’Algérie.
Le 29 novembre 1926, à Marseille, Alfred Fressinet, président de la compagnie des transports maritimes, réunit pour la dernière fois le conseil d’administration… il mourra quelques mois plus tard après avoir été pendant 37 ans gérant de cette compagnie qui assurait la liaison entre la Corse et le continent et dont il était président depuis 1920.
En 1927, le marché postal corse est prolongé de 20 ans. Une nouvelle série de navires modernes est construite (Cap-Corse, Ville-d’Ajaccio, Cyrnos, Ile-de-Beauté, Pascal-Paoli).

Mais la seconde Guerre mondiale est fatale à l’entreprise. L’un des rares navires laissés par les Allemands à la marine marchande française, Général-Bonaparte, est coulé par un sous-marin britannique, le 19 mai 1943 au large de la Corse.
En 1948, le service de la Corse a été accordée à la Compagnie générale transatlantique qui intègre la flotte corse de Fraissinet qui réduit son activité à la côte de l’Afrique occidentale en se dotant de bananiers et paquebots.
Une succession de fusions et réorganisations avec la Société Générale des Transports Maritimes, Chargeurs réunis et Fabre n’empêchera pas la disparition du drapeau de Fraissinet en 1968, le pétrolier Alfred-Fraissinet étant le dernier navire de la compagnie (il sera retiré en 1974).
Source: Paul Bois. Armements marseillais – Compagnies de navigation et navires à vapeur (1831-1988), publié par la chambre de commerce et d’Industrie de Marseille-Provence.

 

LE CORSICA (1904-1930)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier de construction : Chantiers navals de Nantes.
Caractéristiques : Longueur : 79,5 m – Largeur : 8,7 m – jauge brute : 1295 tx
Propulsion : 2 hélices – Puissance : 2500 cv – vitesse : 17,5 nœuds
Capacité : 100 passagers en cabine
Le CORSICA a été construit à Nantes en 1904 et acheté en 1906 par la compagnie Fraissinet à la compagnie Méditerranéenne de Navigation pour être mis en service sur la Corse.
Il est refondu en 1913 avec la suppression d’une des deux cheminées.
En 1930, il est démoli à la Spezia en Italie.

 

LE CORTE (1911-1941)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier de construction : Swan Hunter et Wigham Richardson à Newcastle – GB.
Caractéristiques : Longueur : 85 m – Largeur : 11 m – jauge brute : 1706 tx
Propulsion : 2 hélices – Puissance : 4200 cv – Vitesse : 18 noeuds – Capacité : 134 passagers
Autres noms de baptême : CORTE II – PATRIS

Construit pour le compte de la Compagnie Fraissinet, Le CORTE est mis en service en 1911 sur les lignes de la Corse.
Le 16 août 1914 il est réquisitionné pour être transformé en croiseur auxiliaire, armé de 4 canons de 47 mm et renommé Corte II.
En octobre et en novembre 1914, avec le Golo II, de la même compagnie, il fait partie de la Division spéciale, chargée depuis le 8 septembre, de patrouiller entre la pointe Nord de Corse et la frontière franco-italienne.
En 1936, le Corte II est vendu.
Rebaptisé Patris, il navigue sous pavillon Maltais lorsqu’il est coulé au Pirée par l’aviation allemande le 06 avril 1941.

 

LE CYRNOS (1929-1967)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier de construction : A.C. Weser, Brême.
Longueur : 85,34 m – Largeur : 12,5 m – Jauge Brute : 2406 tx.
Propulsion : 2 hélices – Puissance (en 1953) : 2 moteurs de 3600 cv – Vitesse : 15,5 nœuds
Autre nom de baptême : SG-13

Construit pour le compte de la Compagnie Fraissinet, Le CYRNOS est mis en service en mai 1929 sur les lignes de Corse.
En 1939, il est utilisé comme patrouilleur. En 1940 il désarmé.
En janvier 1943, il est saisi par les Allemands, rebaptisé SG-13 et converti d’abord en patrouilleur puis en mouilleur de mines.
Le 21 août 1944, il est sabordé à Marseille par les troupes allemandes en retraite.
Renfloué en 1946 puis remis en état, le 26 septembre 1947, il coulera à son poste d’amarrage à La Ciotat (Bouches du Rhône ) durant une tempête.
De nouveau renfloué et transformé, il est confié en gérance à la Compagnie Générale Transatlantique en mai 1948 et remis en service sur les lignes de Corse en août 1948.
Au cours de l’hiver 1952-1953, il reçoit des machines neuves.
Rendu à l’Etat en mai 1966 il sera démoli à La Seyne sur Mer en 1967, après une carrière de plus de 37 ans.

 

LE GENERAL BONAPARTE (1923-1943)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier de construction : Chantiers et ateliers de Provence à Port de Bouc
Longueur : 96,12 m – Largeur : 13,63 m – Jauge brute : 2796 tx.

Le 19 mai 1943, le paquebot GENERAL BONAPARTE, affecté au service Corse-Continent, quitte à 8 h 00 le port d’Ajaccio à destination de Nice.
A son bord un équipage de 68 personnes et 216 passagers.
Il est escorté par un hydravion italien. Bien que battant pavillon français, les plages avant et arrière du navire sont armées de pièces d’artillerie servies par des soldats italiens parfaitement identifiables par leur uniforme.
Vers 14 heures, alors que le navire navigue à 40 milles nautiques de Nice, il est torpillé par un sous-marin anglais qui l’avait pris pour un transport de troupes des forces de l’Axe. Le navire sombre en quelques minutes, faisant 137 victimes.

 

LE GOLO (1905-1917)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier de construction : Swan Hunter et Wigham Richardson à Newcastle – GB.
Caractéristiques : Longueur : 83 m – Largeur : 11m – jauge brute : 1380 tx.
Puissance : 4200 cv – Vitesse : 18 nœuds
Autre nom de baptême : GOLO II.
Le GOLO a été lancé le 12.11.1905 pour être mis en service sur la Corse.
En 1914, il est renommé GOLO II lors de sa réquisition et armé en croiseur auxiliaire.
De 1914 à 1917, le navire exécute différentes missions entre l’Italie et la Corse et en Méditerranée orientale.
En 1917, il remplace Le Corte pour le transport du courrier de l’armée d’Orient.
Le 22.08.1917, il assure une liaison Toulon-Bizerte-Malte-Corfou, lorsqu’il est torpillé par le sous-marin allemand UC 22 (OL Erich Wiesenbach) à 48 milles dans le Sud Ouest de cap Bianco, au large de Corfou et sombre en quelques minutes faisant de nombreuses victimes.
Les rescapés dérivent pendant 26 heures avant d’être recueillis par le patrouilleur Salambo et le chalutier Rorqual qui les débarquent à Corfou.

 

L’ILE DE BEAUTE (1930-1943)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier de construction : Deschimag – Brême
Longueur : 102,15 m – Largeur : 13,22 m – Poids : 2600 tonnes
Puissance : Machine à vapeur de 5500 cv – Membres d’équipage : 78
Capacité passagers : 472 dont 40 en 1ère classe – 32 en 2ème classe et 400 en 3ème classe.
Autre nom de baptême : KRETA.

L’ILE DE BEAUTE a été construit aux chantiers de Brême en 1930 au titre de réparation de dommages de guerre.
Il est mis en gérance par l’Etat auprès de la compagnie Fraissinet et affecté à la ligne de Corse.
Le pont avant disposait de plusieurs places pour accueillir des voitures dont l’accès se faisait par la grue installée sur le mat avant.
Le 18 juin 1943, le bateau est saisi par les Allemands, transformé en navire de détection aérienne et rebaptisé KRETA.
Le 21 septembre 1943, le navire sombre dans le Golfe de Gènes torpillé par un sous-marin polonais.

 

LE PASCAL PAOLI (1932-1943)

Arment : Compagnie FRAISSINET
Chantier de construction de Provence à Port de Bouc
Longueur : 96 m – Largeur : 15 m – Puissance : 4800 cv – Vitesse : 15 noeuds.
Autres noms de baptême : P7 – ALTAMURA – SG-5
Le paquebot PASCAL PAOLI mis en service en 1932 est destiné à assurer les liaisons Continent-Corse pour le compte de la Compagnie Fraissinet.
De 1939 à novembre 1940, il est réquisitionné. Armé de 5 x 100 mm; et 6 mitrailleuses il devient le patrouilleur auxiliaire P7.

Le 7 janvier1943, il est saisi par la Kriegsmarine en application des accords Laval-Kaufmann et remis à l’Italie qui le rebaptise Altamura.
Le 15 septembre 1943, il est sabordé à La Spezia.
Renfloué en décembre 1943 par les allemands, il est renommé SG5 mais n’est pas remis en service.
Le 23 septembre 1944, il est de nouveau coulé lors d’un bombardement Américain sur La Spezia.
A nouveau renfloué, il sera démoli après la guerre.

 

VILLE D’AJACCIO (1929-1948)

Armement : Cie FRAISSINET
Chantier & Ateliers de Provence – Port De Bouc.
Longueur : 82,00 m – Largeur : 12,5 m – Jauge brute : 2444 tx.
Propulsion : A pilon, triple expansion 3 cylindres – Puissance : 3520 cv – Vitesse : 15 nœuds.
Autres noms de baptême : P-4 – EASTWIND
En septembre 1939 le VILLE D’AJACCIO est réquisitionné et devient le patrouilleur auxiliaire P4, il est armé de 5 x 100 mm; et 2 mitrailleuses.

Restitué à la compagnie, il reprend son service en juillet 1940.
A la libération le Ville d’Ajaccio est le premier paquebot remis en service sur la ligne de Corse.
Torpillé en février 1943 au large de Saint-Tropez il parvient à rejoindre Ajaccio.
Après la libération de la Corse en septembre 1943, il effectue des rotations entre la Corse et l’Afrique du Nord.
En mai 1948, par convention avec l’État, le Ville d’Ajaccio est mis en gérance auprès de la Compagnie Générale Transatlantique qui se substitue à la compagnie Fraissinet.
Le 23 juin 1948, par mauvais temps, drossé contre la jetée de la digue des Catalans, à la suite d’une avarie de barre, le Ville d’Ajaccio s’échoue en rade de Marseille.
En 1960, il est vendu à un armateur panaméen et rebaptisé EASTWIND.
Il sera finalement démoli à Hong-Kong en 1961..

 

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