LA CORSE DANS LA POLITIQUE DE LA PAPAUTE DU VIe AU VIIIe SIECLE

LA CORSE DANS LA POLITIQUE DE LA PAPAUTE DU VIe AU VIIIe SIECLE

Source : http://accademiacorsa.org/?page_id=192

 

I – LE RENFORCEMENT DE L’HEGEMONIE RELIGIEUSE

A- L’ERADICATION DU PAGANISME

B – LA CONVERSION DES BARBARES ARIENS

II – L’IMBROGLIO POLITIQUE DE LA PENINSULE:

A – BYZANCE

B – LES LOMBARDS

C – LES FRANCS

D – L’IRRUPTION DES PARTISANS DE MAHOMET

III – L’AUTORITE SPIRITUELLE DU PAPE ET LE PATRIMOINE DE SAINT PIERRE

IV – LA FAMEUSE  » DONATION DE CONSTANTIN «

V – LA CORSE AU REGARD DES LETTRES DE GREGOIRE LE GRAND

VI – LE DOMAINE DE CELLAE CUPIAE EN CORSE

VII – LES REFUGIES CORSES AUPRES DU PAPE

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Comme à toutes les époques l’Eglise va utiliser, pour propager sa croyance, la prédication, la médiation sociale et son influence sur les puissants, mais durant ces siècles troublés l’Evêque de Rome va devoir aussi s’adapter aux bouleversements que connaît la péninsule italienne: le retrait de l’Empire romain, l’installation de dynasties « barbares », puis l’irruption de l’islam en méditerranée occidentale.

Les actions pastorales et temporelles de la Papauté ne peuvent être regardées que conjointement.

Face à des princes qui entendent imposer leur pouvoir même dans le domaine spirituel ou qui veulent faire payer tribu au Pape, l’Eglise va chercher à constituer un territoire protégé autour de Rome pour assurer l’autonomie et la sécurité qui sont nécessaires à sa mission d’évangélisation.

Les rapports entre la Corse et la Papauté ne résultent pas d’une politique spécifique mais s’intègre dans cette stratégie.

Des documents (la  » donation de Constantin  » qui offre à l’Eglise l’autorité temporelle sur des territoires comprenant la Corse et les lettres relatives à la Corse écrites par le Pape GREGOIRE Le Grand) ont permis aux historiens de la Corse d’attribuer aux papes un regard spécifique sur notre île pendant les trois siècles qui nous intéressent dans cet exposé.

Avant de commenter la situation de la Corse, il nous faut rappeler les préoccupations spirituelles et temporelles de L’Eglise dans cette période confuse.

I – LE RENFORCEMENT DE L’HEGEMONIE RELIGIEUSE

A- L’ERADICATION DU PAGANISME

Dans de nombreuses régions de l’Empire, malgré l’Edit de Théodose (384) qui impose le christianisme comme religion d’état, une grande partie de la population n’est pas réellement convertie.

Cette persistance du paganisme est visible et ne peut qu’inquiéter les clercs.

Une loi de 408 ordonne la destruction des statues et images de l’antique religion et décrète que les lieux de culte païens appartiendraient désormais au fisc impérial.

Au 5ième siècle à EPHESE est détruit le magnifique Temple d’Artémis; la base d’une statue de la déesse, gardienne de la cité, utilisée en réemploi, porte cette inscription : « en détruisant l’image fausse du démon d’Artémis, Déméas a érigé ce monument de vérité, la croix de Dieu qui chasse les idoles ».

Pourtant dans certaine région de l’Empire les sanctuaires païens subsistent ; ainsi sur une colline de l’actuelle Cannes, un Temple dédié à Vénus fera encore longtemps l’objet de pèlerinage et de dévotion avant qu’il ne soit rasé en 616 par des moines.

Le concile d’Elvire au IVème siècle recommande, sans grand succès, aux fidèles de ne pas allumer de bougie sur les tombes. Ces pratiques subsistent avec le rituel funéraire des banquets même dans les cimetières de Rome et sur l’Ile Tibérine jusqu’au VIème siècle.

Les jours de la semaine conservent leurs anciens noms et le cinquième jour, jeudi (le jour de Jupiter), se maintien comme le jour chômé de préférence au dimanche chrétien.

Quand l’Empereur sous la pression populaire déclare à la fin du IVème siècle que les calendes étaient de nouveau fêtes légales, ces réjouissances de la nouvelle année voient défiler des cortèges ornés de masques de Jupiter, Saturne, Hercule, Diane et Cernunnos, la divinité à tête de cerf des populations celtes du nord de l’Italie. Cette parade annuelle sera encore condamnée par le légat Boniface en 742 qui est scandalisé que des tables de victuailles soient installées pour cette fête autour de l’église Saint Pierre elle-même.

D’autres réjouissances continuent d’avoir lieu comme notamment les lupercales du 2 février ou l’anniversaire d’Hélios le 25 décembre. Faute de pouvoir les éliminer l’Eglise décidera au V° siècle de fixer à la même date des célébrations chrétiennes.

Les clercs vont se servir de la puissance publique pour contraindre les païens au baptême et le Pape va obtenir de l’Empereur des lois imposant l’éradication des cultes païens, mais à l’échelon local ces décisions sont parfois mal appliquées en raisons d’accommodement, de compromis ou de connivence.

La Papauté va demander à son bras séculier, les Empereurs byzantins d’abord les Carolingiens ensuite, d’agir auprès de leurs administrateurs pour qu’ils punissent ceux qui effectueraient un rituel païen ainsi que les propriétaires des lieux.

Un décret impérial de 472 indique que seraient dépouillés de leurs rang et de leurs biens tous propriétaires qui permettraient que des temples subsistent sur leurs terres.

Malgré cette politique répressive le paganisme reste très vivace.

Au IV° siècle les fonctionnaires de l’Empire, ainsi que tous ceux qui ne souhaitaient pas ou ne pouvaient pas s’opposer au pouvoir impérial, s’étaient ralliés à la religion du souverain; mais avec la chute du dernier Empereur romain d’Occident vaincu en 476 par les Goths, ceux dont la conversion avait été de pure forme sont revenus à la vieille religion qui leur convenait mieux surtout dans les campagnes isolées et notamment en Corse.

Ainsi vers l’année 580 en Provence, pourtant évangélisée depuis plusieurs siècles et pourvue de nombreuses églises, un voyageur qui s’embarquait pour l’Italie pouvait relater qu’il voyait « une grande foule de païens qui s’embarquaient avec moi et parmi tous ces campagnards, j’étais le seul chrétien ».

Le Pape GREGOIRE LE GRAND (590-604) écrit pour demander à l’Empereur de prendre des sanctions contre le gouverneur de Sardaigne qui autorisait les sacrifices païens.

Ce Pape écrit en 594 aux  » possessores  » en recommandant qu’ils pratiquent dans leurs domaines, l’emprisonnement pour les hommes libres qui sacrifieraient aux idoles, pour les esclaves la flagellation et la torture.

Pour l’Espagne les Canons des Papes successifs deviennent de plus en plus violents et finissent en 681 par recommander la peine capitale pour les paysans récalcitrants.

Il était courant d’adresser une prière sous la forme d’un ruban noué à un arbre dans toutes les régions du monde méditerranéen, cette pratique pourtant interdite par une Loi du IVème siècle est toujours vivace et encore fustigée par le Pape GREGOIRE dans les années 590; un abattage systématique des arbres sacrées sera ordonné par les moines et prêtres pendant la seconde moitié du VIIème siècle.

Des petits sanctuaires existent encore sur certains sommets et à côté de sources, ils feront eux aussi l’objet de destruction ou de transformation en chapelles.

Cette lutte contre les pratiques et les symboles païens sera aussi une des préoccupations importante des Papes pour la Corse.

L’Eglise, outre le soutien des autorités politiques et la destruction des lieux de cultes païens, va poursuivre sa mission d’évangélisation par les prêches. Les moines sont les plus actifs dans les régions récalcitrantes ; mais à cette époque la Corse ne possède aucun monastère.

Les prêtres vont aussi être les intermédiaires entre les humbles et les hommes de pouvoir pour éviter leurs abus et ainsi regrouper les populations autour de leurs églises pour faciliter les conversions ; cette pratique de médiation sociale sera sans doute appliquée en Corse.

B – LA CONVERSION DES BARBARES ARIENS

Les Goths, les Vandales puis les Lombards vont successivement s’attaquer aux riches provinces italiennes de l’ancien empire romain d’occident.

Ces peuples venus du nord de l’Europe et qui étaient païens, se sont d’abord installés aux frontières de l’Empire et ont connu des parcours complexes au gré de leur conquêtes. Il ont pendant ces années de marches et de haltes été convertis par l’adhésion ( sincère ou tactique ?) de leurs chefs à la foi prêchée par des missionnaires ariens.

Cette doctrine chrétienne schismatique était beaucoup moins difficile à accepter pour les chefs de ces peuples que le catholicisme car elle ne reconnaît pas la divinité du Christ ni la Trinité mais un seul Dieu omnipotent prêt à soutenir un peuple qui décide de l’adorer ( comme dans l’ancien testament Dieu a aidé le peuple juif), et surtout l’arianisme maintien la soumission des prêtres à l’autorité du pouvoir temporel et ses clercs sont plus tolérants sur le maintien de rituels païens dans la liturgie.

Dès 488, le roi goth THEODORIC va conquérir l’Italie. Même s’il reconnaît l’autorité supérieure de l’empereur et conserve les structures administratives romaines, il tient à la foi arienne mêlée de paganisme et n’entend pas que son peuple change de religion. La religion catholique jouit cependant de tous ses privilèges auprès des autochtones romains et l’Evêque de Rome est respecté.

La relation est différente avec les vandales qui sont installés en Afrique du Nord depuis 430 et étendent pendant un siècle leur influence sur la Sardaigne et la Corse grâce aux bateaux et aux marins de l’ancienne Carthage qui sont sous leur contrôle. Leur politique religieuse est moins tolérante et ils chassent le clergé catholique de tous leurs territoires conquis.

La Corse est sous l’autorité des Vandales de 455 à 534 soit près d’un siècle d’après les chroniqueurs.

Les Vandales exileront notamment des évêques catholiques d’Afrique en Corse où ils les emploieront comme bûcherons.

Seule la victoire du Général byzantin BELISAIRE en 534 sur les Vandales en Afrique du nord, et en 535 sur les Goths permettra au Pape de restaurer son autorité religieuse sur la péninsule et les îles, les populations ariennes survivantes à la défaite se convertissant à la foi des vainqueurs.

La Corse dominée pendant un siècle par un pouvoir lointain et des guerriers peu nombreux semble s’organiser de manière autonome et acceptera mal le retour des fonctionnaires impériaux désormais byzantins.

II – L’IMBROGLIO POLITIQUE DE LA PENINSULE:

A – BYZANCE

Après la destitution du dernier Empereur romain d’occident en 476, l’Empereur d’Orient ZENON installé à Byzance (l’ancienne Constantinople) reste seul titulaire du pouvoir impérial et à ce titre il règne formellement sur l’Italie.

Après la victoire du Général byzantin Belisaire sur les Vandales et les Goths est créé l’Exarchat de Ravenne pour l’Italie continentale et celui d’Afrique qui comprend notamment la Corse et la Sardaigne.

Le Duché de Rome est confié par l’Empereur à l’administration du Pape, mais celui-ci n’est, pour les byzantins, que l’évêque de cette cité.

Les rapports entre L’Empereur et le Pape sont ambiguës. L’Eglise s’appuie sur l’Empereur Byzantin pour renforcer son pouvoir spirituel et défendre ses biens, mais les prétentions de l’Empereur à intervenir dans les questions religieuses et la revendication du Patriarche de Constantinople d’être reconnu en qualité de patriarche universel, conduiront dés 593 à un conflit entre le Pape et Byzance.

La rupture avec l’Empereur et les évêques orientaux se prépare inexorablement, parallèlement au renforcement de la prééminence et du pouvoir de l’évêque de Rome sur la chrétienté occidentale.

La Papauté prend conscience que le pouvoir byzantin trop éloigné s’effrite dans la péninsule notamment sous les coups de boutoirs des Lombards.

La révolte des populations de la péninsule contre la rapacité fiscale de l’administration impériale en 726 permet au Pape d’affirmer son autonomie et de s’imposer comme le porte-parole des  » italiens  » dans le cadre d’une alliance provisoire avec les Lombards.

B – LES LOMBARDS

Les Lombards sont installés en Italie du nord depuis 588 avec pour capitale Pavie.

Même après leur conversion au catholicisme dès 593, les rapports avec la Papauté seront difficiles .

Les Lombards imposent des lois nouvelles qui rompent avec le droit romain et leurs rois successifs sont élus par les ducs qui contrôles des territoires autonomes ; ils ne reconnaissent ni à l’Empereur ni au Pape d’autorité supérieure à la leur.

Même après leur conversion officielle au catholicisme, les Lombards n’hésite pas à imposer tribu au Pape et à occuper des biens d’Eglise ; ils maintiennent toujours les italiens vaincus en état d’infériorité et privilégient les guerriers claniques , les ahrimans.

Les populations lombardes et italiennes vivent suivant leur propre législation dans des cités proches mais distinctes ; les fonctions sont clairement fixées : les lombards sont guerriers et leurs églises dédiés à Saint Michel et parfois à Saint Georges, les  » italiens  » sont agriculteurs, artisans et commerçants et conservent leurs lieux de culte placés sous la protection de saints martyres principalement.

A partir de 625 les lombards font des incursions en Corse et chassent définitivement les Byzantins en 719 ; l’île est citée comme la 17iéme province lombarde dans l’histoire des lombards rédigée par un contemporain Paul Diacre moine du monastère de Monte Cassino.

Ils prennent possession de l’ensemble des autres terres byzantines d’Italie en 725.

Cette domination totale de l’Italie inquiète l’Eglise qui veut protéger son indépendance de toutes puissances temporelles.

En 727 le Pape se rapproche à nouveau de l’Empereur, mais en réaction le Roi lombard Liutprand pénètre dans le Duché de Rome.

Face à cette menace le Pape ne réagit pas en défenseur des intérêts impériaux dont il est le simple gestionnaire à Rome mais en véritable maître indépendant du Duché désigné avec le soutient des patriciens et de la population comme la  » sainte république romaine  » ; émerge donc l’idée d’un territoire autonome sous l’autorité papale.

Après une paix de vingt ans le Roi Aistulf veut imposer l’unité du royaume et Rome est de nouveau assiégée en 753, ce qui décidera Etienne II à faire appel aux francs de Pepin le Bref, nouvelle puissance montante en Europe occidentale.

C – LES FRANCS

La Papauté va pour longtemps trouver en la dynastie carolingienne son meilleur soutien.

La lutte contre les sarrasins et la protection du Pape vont être à l’origine du prestige et de la puissance de la dynastie carolingienne.

La victoire remportée en 732 par CHARLES MARTEL à Poitiers même si elle est limitée sur le plan des réalités militaires, a un grand retentissement par la diffusion qui en est faite par les moines notamment.

C’est dans le texte rédigé après cette victoire par un chrétien anonyme de Cordoue, dans une Espagne récemment conquise par les musulmans, que l’on rencontre pour la première fois l’expression « les Européens » pour désigner ceux qui luttent contre les musulmans.

Mais CHARLES MARTEL s’il a le pouvoir réel sur le royaume des francs n’est pas Roi et ce sont toujours les mérovingiens descendants de CLOVIS qui sont titulaire du titre.

PEPIN LE BREF, fils de CHARLES MARTEL va, grâce à l’appui décisif du Pape et de son légat BONIFACE, pouvoir mener le coup d’Etat permettant d’évincer la dynastie mérovingienne.

Le paiement en retour de ce service sera la ruine du royaume lombard et la dation d’un territoire au Saint-Siège au nom de la prétendue « donation de Constantin » qui comprend la Corse.( voir chapitre IV )

Le roi lombard Didier capitule définitivement en 774 vaincu par CHARLEMAGNE.

La flotte carolingienne protège les côtes de l’Italie et en 807 écrase une flotte sarrasine au large de la Corse et plus précisément de Porto-Vecchio.

Les francs ne peuvent toutefois empêcher que les arabes prennent pied en Sicile en 827 puis dans les Pouilles et parviennent en 846 jusque dans la ville de Rome où ils saccagent l’église Saint-Pierre.

D – L’IRRUPTION DES PARTISANS DE MAHOMET

Après avoir conquis la Mecque en 630 puis Antioche et Jérusalem en 637, les Arabes et les populations converties font subir une défaite navale aux Byzantins en 654 et assiègent Constantinople en 672.

En 698, ils franchissent le détroit de Gibraltar et vont mener des raids dans l’ensemble des pays qui bordent la Méditerranée occidentale et notamment la Corse.

Certains seigneurs chrétiens, seront contraint de rechercher leur alliance, même après les avoir repoussés, tel EUDES d’Aquitaine qui, menacé par CHARLES MARTEL, donnera sa fille en mariage à un général sarrasin en 720. De même, le Gouverneur de Provence MAURONTE s’allie en 738 aux Sarrasins.

Certains Princes Arabes n’hésitent pas eux aussi à chercher l’appui de Rois chrétiens pour règler leurs luttes internes, tel cet ABDALLAH faisant allégeance à CHARLEMAGNE en 797 pour lutter contre le fils de l’Emir ISSEM.

Ces alliances se poursuivront même après l’an 800 et le Pape JEAN VIII écrira le 17 avril 877 à l’Evêque de Bénévent pour qu’il s’efforce de faire annuler les accords conclus entre les Napolitains traités de « faux chrétiens » et les Sarrasins.

La puissance de l’Islam s’affirme en 827 par le contrôle de la Sicile par les Aghlabides de Tunisie, de la Crête par des espagnols islamisés et surtout en 841 par la chute de Bari qui donne aux musulmans le contrôle de l’Adriatique.

La flotte carolingienne, qui en 828 a encore attaqué les côtes d’Afrique, est réduite à néant par les attaques sarrasines et les partages qui suivent la mort de CHARLEMAGNE.

A la fin du IXème siècle, les islamisés sont installés dans les Pouilles, en Sicile, aux Baléares, en Provence à FRAXINETUM (actuellement La Garde-Frenet dans le massif des Maures), sur les côtes sardes et corses. Ils vont contrôler désormais la Méditerranée Occidentale pendant plus d’un siècle empêchant toutes relations entre Rome et la Corse.

III – L’AUTORITE SPIRITUELLE DU PAPE ET LE PATRIMOINE DE SAINT PIERRE

Les Sarrasins dominent la Méditerranée et ont conquis certaines régions, mais les incendies et les massacres sont ponctuels et la dépopulation est limitée même si les habitants des régions côtières se déplacent pour des installations plus défensives.

En exagérant l’ampleur des incendies, des pillages et des massacres par ailleurs bien réels, les moines ont créé, à la mesure du monde de l’époque, l’équivalent d’une psychose médiatique (selon l’expression de Jean FLORI).

Ces agressions effectuées non plus par un peuple étranger mais par les adeptes d’une nouvelle religion, qui dominent mais aussi convertissent les populations soumises, ont un rôle considérable sur le plan idéologique.

Même s’il s’agit encore et avant tout de la défense de ce qui reste de l’Empire romain contre ses ennemis, la qualification de « païens » désignant l’adversaire accentue le caractère religieux de l’affrontement et va donner à la Papauté une place centrale dans la lutte contre les sarrasins.

Le Pape va propager l’idée que la terre est un champ de bataille où s’affronte les forces de Dieu contre celles du Diable, les forces du Christ contre celle de l’Antéchrist.

L’éloignement croissant de l’Orient et de l’Occident fait de l’Eglise et singulièrement de l’Evêque de Rome, sans rival dans cette région du monde, la seule véritable autorité survivant à la chute de l’Empire.

Les tendances régionalistes scindent l’Empire en royaumes rivaux et bientôt en principautés, c’est la période féodale qui s’annonce et la Papauté apparaît comme le seul facteur d’unité en Occident.

La dignité sacerdotale l’emportant sur le pouvoir royal comme l’éclat de l’or l’emporte sur celui du plomb (selon l’expression de Saint Ambroise), la Papauté va se poser en meneur suprême de l’Occident.

Elle va entretenir par ses clercs la fiction d’une permanence de l’Empire au-dessus d’une multitude de royaumes pour montrer son autorité en désignant l’empereur d’Occident. C’est que qu’elle fera avec CHARLEMAGNE et ses héritiers.

Dans cet environnement guerrier, la Papauté va soutenir au plan spirituel ses défenseurs.

Depuis Saint Augustin les chrétiens ont abandonné leur tendance non violente et, par référence à l’Ancien Testament, la doctrine augustinienne rappelle que les chrétiens peuvent prendre part à la guerre et être amenés à tuer sans être nécessairement coupables d’homicides et sans violer la Loi divine.

Saint Augustin écarte l’opinion de ceux qui n’attendent rien de bon du royaume de ce monde et il proclame que c’est l’Eglise qui accomplie ici bas le règne de Dieu au sein de l’Empire.

La guerre au service de la chrétienté est donc une expédition pieuse, capable de procurer au guerrier qui l’entreprend le salut de son âme.

Cela tend vers l’idée d’une guerre apportant la rémission des pêchés qui sera l’un des traits constitutifs de la croisade.

Pour préserver son indépendance et renforcer son pouvoir, le Pape va s’efforcer de se constituer un territoire indépendant en se fondant sa revendication sur la donation qu’aurait fait l’Empereur Constantin au Pape Sylvestre quatre siècle plus tôt. Il s’efforcera de faire du patrimoine de Saint-Pierre le symbole de la quintessence de la chrétienté.

Pour les Papes successifs la défense des terres de Saint Pierre doit être assimilée à celle de toute la chrétienté qu’elle résume.

IV – LA FAMEUSE  » DONATION DE CONSTANTIN «

En 739 GREGOIRE III demande aide et assistance aux Francs mais CHARLES MARTEL, « Maire du palais », ne tient pas à rentrer en conflit avec les Lombards dont l’alliance lui est nécessaire pour lutter contre les Sarrasins qui ont envahi la Provence.

Rien d’utile ne se fit avec CHARLES MARTEL. Sauf un échange de  » bonnes paroles « .

Mais 10 ans plus tard c’est le fils de CHARLES MARTEL, PEPIN LE BREF, qui a besoin du Pape pour s’installer  » légalement  » sur le trône des Francs à la place des mérovingiens, comme nous l’avons rappelé.

En 750 il s’adresse avec succès au Pape ZACHARIE qui a comme souci majeur de tenir tête aux menaces du Roi des puissants Lombards, AISTULF.

En 751 ZACHARIE fait donner  » l’onction Sainte  » à PEPIN LE BREF qui devient Roi des Francs aux yeux de la chrétienté, après avoir fait reléguer au couvent le Roi Mérovingien CHILDERIC III.

En contrepartie de l’obtention du sacre, PEPIN LE BREF,  » reconnaissant « , fait au Pape ETIENNE II (successeur de ZACHARI) la promesse de lui donner les terres qu’il reprendrait aux Lombards : C’est ce que l’on appelle la donation de QUIEREY (754), localité de l’Aisne, près de NOYON, où se trouvait une résidence royale, puis impériale, Carolingienne. Le Pape ETIENNE II y avait fait un long séjour en 754-755.

Cette donation, ou plutôt cette promesse de donation, comprenait des territoire italiques occupés par les Lombards dont la Corse . Mais on ne possède aucun document datant de 754 ou 755 sur cette donation. Comment affirmer l’existence de ce document ?

Il existe une mention du  » Liber pontifical  » (qui est le recueil de la biographie des Papes) au chapitre  » Vita HADRIANI «

Cette mention s’applique, plus précisément, au renouvellement de la donation que devait faire 20 ans plus tard, (… en 774) par CHARLEMAGNE.

Comment expliquer ce décalage, ce retard de 20 ans ? ANTONETTI, et d’autres historiens, soutiennent que la promesse de PEPIN LE BREF  » allait à l’encontre de sa propre noblesse, alliée traditionnelle des Lombards  » et qui, selon l’expression courante  » traînait les pieds  » pour leur faire la guerre (deux timides expéditions échouent en 755-756).

C’est donc le fils de PEPIN LE BREF, CHARLES, (le futur CHARLEMAGNE) qui, devenu Roi des Lombards en 774, confirma la même année au Pape HADRIEN 1er la donation de son père PEPIN.

Il faut noter, ce qui est souvent oublié, que LOUIS le Pieux ou le « Débonnaire « , fils de CHARLEMAGNE, devenu Empereur d’Occident en 814, confirmera, lui aussi, la donation Carolingienne, de même qu’OTTON 1er (en 962).

Mais cette reconnaissance d’autorité du Pape sur un territoire appartenant à l’Empire romain a été pour des raisons stratégique présentée comme étant la confirmation d’une donation effectuée antérieurement par l’empereur CONSTANTIN (Empereur Romain de 306 à 337) qui aurait cédé au Pape SYLVESTRE 1ER (Pape de 314 à 335) non seulement la citée Romaine mais aussi toutes les Provinces de l’Empire en Occident.

Or le texte présenté pour preuve de la donation de CONSTANTIN par le Saint Siège est reconnu sans conteste (depuis le 17ième siècle) comme un faux qui a été fabriqué par la chancellerie pontificale vers l’an 800.

Pourquoi ce faux ? Il aurait été réalisé, d’après certains historiens de la Corse, pour forcer la main des Carolingiens en raison des difficultés, que nous avons évoqués, à obtenir la protection des Francs.

Plus vraisemblablement ce document présenté comme émanant de l’Empereur Constantin était nécessaire aux deux parties pour contrer les oppositions de l’Empereur byzantin, héritier du pouvoir impérial et toujours souverain des terres de la péninsule italienne.

Mais, en dépit de cette référence à un faux, la donation de 774 effectuée par les rois carolingiens a, elle, une validité juridique.

L’intérêt politique de la Papauté pour la Corse et son intégration dans les territoires cités dans le texte de la fausse donation tenant à sa proximité de Rome et à sa position stratégique en Méditerranée.

Cependant pour Pierre ANTONETTI ( Histoire de la Corse) elle  » marque l’entrée définitif de la Corse dans l’obédience du Saint siège  » et pour Dom jean Baptiste GAÏ ( La tragique histoire des Corses) le Pape devenait alors  » le vrai Roi et le père de ce petit peuple insulaire «

Ce qui est incontestable c’est que cette fausse  » donation de Constantin  » va permettre aux Papes de disposer d’un territoire autonome en Italie centrale pendant plus de 1000 ans et va les conduire à s’intéresser au sort de la Corse avec plus ou moins de succès et d’autorité au fil des siècles suivant.

Mais jamais le Pape ne pourra imposer son pouvoir politique direct sur l’île.

L’Abbé GIROLAMI-CORTONA rappellera avec justesse dans son Histoire de la Corse (écrite à la fin du 19ième siècle) :  » On a dit que Charlemagne avait cédé lors de son sacre, la Corse au Saint Siège (…) Cette cession ne put avoir lieu, quoique la promesse en fût faite ; la Corse se trouvant toujours sous la domination des grecs et des sarrasins (…) les papes furent autorisés à y percevoir seulement les revenus des biens ecclésiastiques «

V – LA CORSE AU REGARD DES LETTRES DE GREGOIRE LE GRAND

Le pape Grégoire Ier est issue d’une très puissante famille de l’aristocratie romaine .

Il a été haut fonctionnaire de l’Empereur avant de devenir moine bénédictin et de transformer son palais familial en monastère.

Pape en 590, il sera un des grands papes de la chrétienté tant par son action de réorganisation administrative de l’Eglise et de son patrimoine (bien que les Lombards aient confisqués des biens ecclésiastiques, l’Eglise reste le plus grand propriétaire d’Italie) que par la mission de ré-évangélisation qu’il va mener.

Sur ses 848 lettres conservées par le Vatican, 9 sont consacrées à des problèmes corses :

1°) Lettre de juin 591 : Il s’agit d’une réponse à une demande de son agent en Corse qui souhaite crée un monastère sur le domaine offert dans l’île par une pieuse femme nommée Labiana à cet effet.

Grégoire estime que le lieu est trop dangereux pour que des moines s’y installent et il propose de trouver un lieu plus proche de la mer pour être plus défensif.

A la date où écrit le Pape il n’y a aucun monastère en Corse, le danger ne vient pas de la mer et la Corse est sous l’autorité de l’Empereur; les craintes du Pape confirment donc la résistance à la christianisation de populations de l’intérieur de l’île, comme nous le constaterons à la lecture d’une autre lettre postérieure.

2°) Les trois lettres d’août 591 indiquent :

. que les prêtres qui demeurent en Corse doivent s’interdire la compagnie des femmes si ce n’est celle de leur mère, de leur sœur et de leur épouse avec laquelle il doivent vivre chastement .

. que l’église de Sagone est à l’abandon depuis plusieurs années à la suite de la mort de l’évêque qui n’a pas de successeur

. que l’église de Taina a été occupée et détruite par des ennemis tellement féroces qu’il n’existe aucun espoir de retourner en ces lieux.

Les lettres permettent de constater que la foi chrétienne est confrontée à un relâchement de la discipline ecclésiastique, une déliquescence des communautés chrétiennes, et une opposition organisée de populations corses.

De nombreux historiens n’ont pas voulu admettre que des corses se soient montrés hostiles au christianisme et par conséquent les ennemis que le Pape ne nomme pas ne pouvaient être que des barbares venus de l’extérieur .

Cette théorie n’a aucun fondement compte tenu des dates des courriers du Pape car l’Islam n’est pas né, les vandales en ont été chassés, quant aux Lombards, ils sont à cette date convertis, ne détruisent plus avec férocité d’église et, de plus, ne sont pas encore intervenu en Corse selon les chroniqueurs.

L’implantation de TAINA en Corse à donné lieu à plusieurs hypothèses ( Tavagna, Tomino notamment) qu’il me soit permis d’en proposer une autre : la piève de TUANI (en Balagne) où sera implanté bien plus tard un couvent.

Il est, en effet, curieux que constater que la riche province de Balagne n’a jamais été le siège d’un évêché contrairement au Nebbio, à Sagone ou à Accia, mais de trouve divisée entre trois diocèses : Sagone (Calvi Calenzana), Aleria (Pieve d’Aregno) et Mariana (haute balagne). L’évangélisation tardive de cette région (qui sera plus tard appelée  » la sainte Balagne  » en raison de la richesse de ses églises et couvents) est sans doute une explication et confirmerait l’implantation de Taina la dévastée.

3°) En Juin 595 le Pape écrit à l’Impératrice pour dénoncer la violence de son agent du fisc qui oblige les familles corses à vendre leurs enfants pour payer l’impôt. Le Pape indique que face à cette situation les  » possesores  » corses abandonnent un état chrétien et se rapprochent des Lombards.

Cette lettre, souvent citée pour démontrer la compassion du Pape défenseur des corses face aux excès de l’administration impériale, démontre surtout l’inquiétude du Pape de voir les lombards s’implanter en Corse grâce à l’appui des notables locaux et de l’hostilité des populations aux fonctionnaires impériaux.

Ce courrier fragilise le discours des historiens de la Corse qui indique que l’île aurait été conquise vers 625 par les lombards avec violence et que les populations aurait fait appel au Pape pour les défendre, alors qu’apparaît une alliance entre les corses et les lombards contre l’Empereur et son allié le Pape.

4°) La lettre d’octobre 596 au gouverneur byzantin d’Afrique dont dépend la Corse demande le retour en corse d’un intendant qui avait eu une action efficace vis à vis des déshérités.

Le Pape regrette le départ d’un fonctionnaire utile à son apostolat dans cette région difficile.

5°) La lettre de janvier 596 demande notamment à l’évêque d’Aleria de construire une église et un baptistaire dans la propriété ecclésiastique de CELLAE CUPIAE sur le mont Negeunus auquel nous consacrerons le chapitre suivant.

6°) Dans la lettre de septembre 596 le Pape s’indigne que les corses adorent encore la pierre et le feu et que des chrétiens baptisés soit retournés aux pratiques païennes.

7°) La dernière lettre d’août 601 constate la vacance des sièges des évêchés d’Aleria et Ajaccio depuis plusieurs années.

VI – LE DOMAINE DE CELLAE CUPIAE EN CORSE

Dans le N° 4 de la revue STRADE (mai 96) Philippe LEANDRI fait un travail remarquable à partir des textes et des rares recherches archéologiques pour conclure qu’était exploité au bénéfice du Saint Siège un domaine de résineux pour le bois et la poix dans le périmètre du mont San Petrone (à l’époque mont Negeunus) qui est le plus haut sommet du nord-est de la Corse, dominant la Castagniccia.

A une date indéterminée après la conquête romaine la montagne et ses forêts sont devenu domaine impérial (comme le Mont Liban) . Ce bien fut ensuite donné à l’Eglise par un Empereur ou un bénéficiaire antérieur pour favoriser l’évangélisation de l’intérieur de l’île.

Ce domaine est très vaste (plus de 100km2) et le Pape y emploi un nombreux personnel. Ces terres procurent suffisamment de revenus pour que le Pape dans sa lettre de 596 annonce le don des bénéfices d’une petite partie du domaine pour servir de traitement à un prêtre .

Le bois et la poix sont bien entendu exportés vers le continent italien, vraisemblablement en passant par le Golo.

Des voies de communication en partie pavées passent dans le domaine et des villages se créent sur leurs tracés.

Le domaine est pourvu à la fin du VI° siècle de trois églises (San Petrucculu, San Paolo et San Benedetto) et d’un bâtiment à usage de résidence épiscopale.

Pendant les périodes de domination vandale puis lombarde ce domaine sera exploité au bénéfice de ses nouveaux maîtres.

La Papauté sera préoccupé de recouvrer son patrimoine en Corse après les spoliations lombardes et le Pape Adrien 1er écrira à Charlemagne en 777 pour demander son soutien, mais après la destruction de la flotte carolingienne vers 830 les francs ne pourront plus lui être d’aucun secours.

Le San Petrone deviendra le dernier refuge des corses face aux chevaliers toscans au X° siècle, et sur son sommet sera construire ou reconstruire ( ?) au XI° siècle la cathédrale de l’évêché d’Accia qui doit vraisemblablement son existence au domaine pontifical de Cellae Cupiae.

VII – LES REFUGIES CORSES AUPRES DU PAPE

Les lettres de Grégoire le Grand n’évoquent pas de corses accueillis à Rome, et ce n’est que trois siècles plus tard sous le pontificat de Leon IV (10 IV 847 – 17 VII 855) que selon le  » Liber Pontificales  » des corses terrorisés par des sarrasins s’établissent en nombre dans les territoires administrés par ce pape.

Des descendants de ces chrétiens corses établis à PORTO (Ostie) serait issue le Pape FORMOSE (6 X 891 – 4 IV 896), ancien évêque du lieu et selon certaines études fils d’une famille de I GATTI di VIVARIO.

Nous ne pouvons, faute de sources, savoir si dans les siècles précédents auxquels nous avons limité notre étude, de nombreux corses ont quitté l’île pour trouver refuge auprès du successeur de Saint Pierre.

Il est vraisemblable que des catholiques fervents, en but à l’hostilité des Vandales ariens et des populations locales païennes, ou dépossédés par les Lombards, aient fuit l’insécurité corse même si les textes actuellement connus relatifs aux réfugiés du IX° siècle n’invoquent pas la présence de corses établis en nombre à Rome dans les siècles précédents.

CONCLUSION

La Corse ne vit pas en dehors des bouleversements politiques ou religieux qui affectent la péninsule italienne mais a gardé comme à l’époque de la conquête romaine, des capacités de résistance collective dont elle fera encore preuve par la suite…

Pendant ces trois siècles, les petites communautés corses s’organiseront pour survivre malgré les fonctionnaires impériaux, les lointains vandales, les alliés lombards puis les marins sarrasins.

Les Papes s’inquièteront de la christianisation bien peu assurée des corses et chercheront le moyen de développer l’apostolat sur l’île dont l’importance stratégique ne leur échappe pas à un moment où l’Eglise doit s’assurer d’un territoire autonome pour défendre sa liberté d’agir.

La Papauté a eu, du fait de la proximité de Rome, une attention plus particulière pour notre île pendant ces trois siècles mais ce n’est que beaucoup plus tard, après la reconquête du XI° siècle, que la foi chrétienne s’exprimera fortement, qu’un attachement sincère au Saint siège sera perceptible puis que de très nombreux corses serviront dans les troupes papales et s’installeront dans des villes des Etats pontificaux (dont certaines conservent encore aujourd’hui des quartiers nommés  » Corsica  » comme Orvieto ou Grossetto).

Pour l’Accademia Corsa

Jean-Pierre POLI et Jean STEFANI

Septembre 2003

Bibliographie sommaire:

Le Mémorial des corses Tome 1

Simon GRIMALDI – La Corse et le Monde tome 1- Ed. Edisud

O.F. TENCAJOLI – La Corsica – Ed. Modernissima 1931

René AIGRAIN – Histoire de l’église – Tome V

S.B CASANOVA – Histoire de l’église corse – AJACCIO – 1931

Jean CHELINI – Histoire religieuse de l’Occident médiéval (Ed. A.Colin 1968 )

Liber Pontificales Edition Duchesne – 1886 -1er volume

Ramsay MACMULLEN Christianisme et paganisme du IV au VIII siècle – Les belles lettres

Peter BROWN Pouvoir et persuasion dans l’antiquité tardive – Ed. Le seuil

  1. WELTER Histoire des sectes chrétiennes – Ed. Payot

Histoire de l’Eglise tome 6 – Ed. Bloud et Gay

Gianluigi BARNI La conquête de l’Italie par les Lombards- Ed Albin Michel

Jean FLORI La guerre sainte – Ed Aubier

Silio PP SCALFATI La Corse médiévale – Ed Piazzola

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