HISTORIQUE DE LA COLLEGIALE SANTA MARIA ASSUNTA
PAR NICOLAS MATTEI,
enseignant l’histoire de l’art à la faculté
d’Aix en Provence
En 1750, la « Terra » de Speloncato, peuplée d’environ 750 âmes, était divisée en deux paroisses : celles de Sainte-Catherine et de Saint- Michel Archange. La première, qui avait pour curé Francesco Casalta né en 1683 dans la piève d’Ampugnani, et deux autres prêtres, appartenait à la piève Sant’Andrea, (Feliceto). La seconde, curée par Marc’Antonio Filippi né en 1691 à Ville dit Paraso (alors dit Speloncato), et desservie encore par, Sept autres prêtres, était rattachée à la piève de Tuani (Costa). Quatre Prêtres Speloncatais officiaient à Rome :Don-Giovan Luca de Marchi, Don Antonio Abraïni, Pier Francesco Alberti et Bonaventura Consalvi. Deux couvents de franciscains étaient proches :à la sortie du village, direction Feliceto, celui des capucins, à Tuani, celui des franciscains réformés. Ils abritaient une quarantaine de moines en tout.
Le village s’étant particulièrement regroupé au XVIIe et la division en deux paroisses devenue anachronique on décida, avec l’accord de tout le clergé, de fondre les deux en une collégiale qui aurait son siège en l’église Saint-Michel, plus vaste que Sainte-Catherine ; l’avantage d’une collégiale, en ce temps où chaque église possédait un bénéfice (capital de biens immeubles et meubles donnant Intérêts perçus et administrés par le curé mais partagés avec l’évêché) était de « bénéficier » de quelques prêtres supplémentaires, devenus chanoines, en plus des deux initiaux. Cette nouvelle répartition des richesses n’avantageait pas l’évêché.
Une première démarche fût faite par Marc’Antonio Filippi devant le notaire Antonio Carli le 03/09/1748 sous forme d’une requête adressée au pape Benoît XIV. Par un document 03/08/1749, Pietr’Antonio de Feliceto « predicatore e guardiano » du couvent des capucins, atteste avoir été présent le 03/07/1749 lorsque Pères Procuratori et Principali de la Communauté demandèrent à l’évêque du diocèse de Mariana en visite, Mgr Domenico Maria Saporiti, l’érection de la collégiale. Il la leur refusa. Speloncato contre-attaqua le 12/07/1749 par la voix des curés Filippi et Casalda avec un document lu et approuvé par les franciscains des deux couvents, démontrant le bien-fondé de leur requête. On chargea le Notaire Bonaventura Fablani, de Santa-Reparata (piève d’Aregno, diocèse d’Alèria), d’établir un document attestant que le peuple a requis deux experts, Giuseppe Olivieri, de Santa-Reparata et Pompeo Graziani, de Monticello, pour estimer capital et revenus des bénéfices des deux paroisses de Speloncato. Le même jour, les futurs chanoines s’ engagent devant le notaire de Belgodere, a officier sans revenues tant que les deux curés titulaires (58 et 66 ans) seront en vie.
Malaspina reçoit le 15/07/1749 les concessionnaires des dîmes de l’évêché, Angelo Michel Saladini et Maurizio Ambrosini, pour leur demander leur propre estimation devant les témoins Angelo Maria Pièrini et Domenico Rifaccioli. Le 20/07/1749, les curés Casalta et Filippi donnent la liste des prêtres et futurs chanoines du lieu. La requête est remise par les quatres prêtres Speloncatais de Rome « alla Congregazione dell’elmi Cardinali interpreti dal Concilo (le Concile de Trente). D’essa sottene la grazie dell’ereczione, non ostante l’opposizione dall’ordinario (de l’évêché) di Mariana ». La bulle papal fut expédiée de Rome dans les premiers jours de janvier 1750. Le nouveau titre del’Assomption « Nostra Signora Assonta al Cielo » remplaça celui de Saint-Michel. L’inventaire de 1760, rédigé par le « moderno arciprete » Timoteo Bartoli né en 1718 succède à Filippi nomme les chanoines : Giovan’Antonio Abraïni remplaçant Casalta, Angelo Michele et Giovan Francesco Pizzini, Giacomo Francesco Ambrosini, Imperio Carli , Bonaventura Ansaldi, Marc’Angelo Léonin, Pietro Francesco Alberti, Giovan Giogio Vitali, Giovan Luca Filippi (curé de Feliceto et neveu de l’ancien curé de Saint-Michel), G.B Ringioni (originaire de l’Ampugnani et neveu de l’ancien curé de Sainte-Catherine).
Le premier souci du collège des chanoines sera d’embellir l’Assomption « pour la plus grande gloire de dieu et le bonheur des hommes ». On démolit l’oratoire de Saint-Antoine-Abbé, côté droit, pour ajouter deux collatéraux et on installa d’autres autels latéraux dès 1750/60 pour un résultat prestigieux.