GIUSTINIANI

GIUSTINIANI

 

Un chemin muletier descend de Speloncato vers la plaine du Regino. Au Nord du village, on aperçoit les ruines d’un site, abandonné depuis le XVllème siècle, Giustiniani. Subsistent encore quelques façades du château édifié au Xllème siècle, qu’on appelle E Torre.

 

Romulus CARLI, quand il écrit ses « Coups de plume variés, d’un enfant de Balagne » vers 1890, décrit ce qui reste de ce village en disant que sur le monticule en contre-bas de Speloncato, il subsiste « le château féodal de Giustiniani avec les traces de ses fortifications et sa tour carrée encore debout, mais sans toiture. »

Les restes du château médiéval, situé sur un monticule.

Les fortifications : ici une meurtrière dans un mur épais.

 

« La tour carrée encore debout mais sans toiture »

Ce commentaire est encore vrai de nos jours,

mais l’édifice perd d’année en année un peu plus de pierres.

 

 

Le nom de Giustiniani tire probablement son origine de l’Empereur Justinien qui, en 533 chassa les Vandales de Corse pour y rétablir l’autorité de Rome.

 

Ettore Pais

Storia della Sardegna e della Corsica durante il periodo romano

 ed.Nardecchia-1923

 

Agostino Pantaleone, également appelé Agostino Giustiniani, était en 1522, évêque du diocèse du Nebbio. Il est l’auteur de : « Dialogo nominato corsica » ; cet écrit constitue une des sources irremplaçables pour l’histoire et la géographie, sur la Corse de l’époque.

C’est une étude qui tente d’expliquer les liens entre la morphologie du relief, la géographie des régions et la localisation de l’habitat. Il y est question de Speloncato et du village de Giustiniani. On apprend que ce dernier dépend de la piève de Sant’Andrea, sur laquelle se trouvait en partie Speloncato, sous la domination romaine, et qu’il possédait deux temples, des thermes et des oracles, puis a été riche de deux églises, San Stefano et San Martino. A la même époque, Speloncato édifie l’église San Michele. (Façade de 1509)

 

Romulus CARLI pense que le village de Giustiniani, a été fondé par Cyrille Bélisaire, ou Narsès, lieutenants et généraux, de Justinien. Il estime également que c’est à ces envoyés qu’il faut attribuer la dédicace des églises San Stefano et San Martino, autrefois temples païens.

 

L’ancienne église San Stefano, qui s’élevait sur le site renfermait une pierre. Ce Tympan monolithe qui a longtemps été exposé dans la crypte de St Michel à Speloncato, se trouve aujourd’hui au dessus de la porte principale de la Collégiale.

 

Le tympan monolithe :

… enfermé dans le mur de l’église San Stefano

… exposé dans la crypte de St Michel

 

… aujourd’hui au dessus de la porte principale de la Collégiale

 

 

Tous les chroniqueurs du Moyen-Âge sont unanimes : la Balagne possède une richesse agricole ; des minutes de procès mentionnent dans la pieve de Sant’ Andrea (région de Nessa, Muro, Giustiniani,…) la culture de céréales et notamment, de blé et de seigle.

Néanmoins, on constate au cours des XVème et XVIème siècles, des déplacements de sites et des désertions de villages.

 

En 1646, lors de sa tournée épiscopale, l’évêque Giovanni Agostino Marliani, constate que l’église de San Stefano, dans laquelle, il avait été curé quelques années auparavant, était détruite, ainsi que celle de San Martino.

 

Ces désertions, sont probablement liées aux incursions barbaresques, de plus en plus fréquentes dès le début du XVIème siècle ; elles ont certainement accéléré le repli des habitants, déjà amorcé en 1498 et 1528/29 lors des grandes épidémies de peste, vers des villages plus peuplés et plus riches.

Carte tirée du « mémorial des Corses » 

(Original italien. Archevio di stato, Genova Banco di San Giorgio)

A la fin du XVème siècle, le village de Giustiniani comprend une cinquantaine de feux,

alors que Speloncato en compte environ 200.

 

 

 

Ces événements ont sans doute contribué au regroupement des populations de Giustiniani vers Speloncato.

 

A propos de la population de Giustiniani et de Speloncato, François Mariani a pu recueillir quelques recensements concernant cette époque. Ceux-ci font apparaître que la migration des habitants de Giustiniani vers Speloncato était déjà bien entamée au milieu du XVème siècle puisque le recensement de 1454 dénombre 25 feux sur Giustiniani soit une centaine d’habitants, alors que la partie de Speloncato sur Sant’Andria comporte 69 feux soit près de 300 habitants (la partie de Tuani compte alors 74 feux). On peut alors penser que les génois ont fortifié Giustiniani en y construisant la maison Caporaline dans le but de fixer la population. Malgré cette attention il semble que la population continue de décroître au cours du XVIème siècle et Giustiniani n’apparaît plus dans le recensement de 1608.

 

Les habitants de Giustiniani repliés à Speloncato y bâtirent de nouvelles maisons ainsi que leur église de Santa Catalina qui reprit les bénéfices attribués auparavant aux églises de San Stefanu de Giustiniani et de San Martinu.

 

 

 

 

L’association « A SCUPERTA DI L’ANTICU » essaie de sensibiliser les archéologues à la richesse patrimoniale antique de notre village et notamment à Giustiniani.

 

 

Sources bibliographiques :

« Coups de plume variés d’un enfant de la Balagne » – Romulus CARLI – 1896

« Le Mémorial des Corses » – Francis POMPONI. SARL Le Mémorial des Corses -1981

« Speloncato au fil du temps passé » – Jean Pierre Poli pour l’Accademia Corsa – 2004

« Speloncato de A à Z » – François MARIANI – 2006

 

 

 

 

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