Ils ou elles sont entrés dans l’histoire

Ils ou elles sont entrés dans l’histoire

 

Sampiero CORSO

Sampiero Corso naît en 1498 dans un hameau de Bastelica, village montagnard des environs d’Ajaccio. Jeune, il s’enrôle pour aller servir les armées continentales. Il sert d’abord dans les Bandes Noires de Jean de Médicis puis combat pour le compte du cardinal Hippolyte et entre enfin au service du roi de France. En 1547, il épouse Vannina d’Ornano, issue d’une des plus illustres familles corses et avec qui il a deux fils et deux filles. Il suscite alors la défiance des Génois qui supportent mal son prestige et le font emprisonner.

Libéré sur intervention de l’entourage de Henri II, il milite pour une action française en Corse face aux Génois. L’expédition de 1553 est alors placée sous le commandement du maréchal de Termes. Sampiero Corso participe au débarquement à Bastia : la campagne est tout d’abord brève et victorieuse avec les prises de Bastia, Saint-Florent, Corte, Bonifacio… Seule Calvi résiste à l’assaut. Les Génois se ressaisissent grâce à l’aide des Espagnols et le succès de l’expédition est bientôt remis en cause. Lorsque la trêve de Vaucelles est conclue en 1556, les Français sont encore en position de force mais les difficultés rencontrées par Henri II au nord de l’Europe ne permettent pas de pousser plus avant les succès.

 

Cette  » guerre des français  » ne manque pas de réveiller en Corse les sentiments d’hostilité à l’égard de la domination génoise. Sampiero Corso mène la révolte contre les Génois conduits par Andréa Doria et en 1554, les Corses de Sampiero les battent au col de Tenda.

En 1557, la Corse fut incorporée à la couronne de France mais l’Espagne reprend la guerre contre les Français et en 1559 la Corse est restituée aux Génois. En 1563, Sampiero Corso veut ranimer les hostilités et fait le tour des cours européennes demandant de l’aide à la France, l’Espagne, le duc de Toscane… Mais les  » Grands  » de l’époque se dérobent n’osant pas remettre en question à propos de la Corse, l’équilibre du rapport des forces consécutif à la paix.

 

En 1564, Sampiero Corso débarque avec une petite troupe dans le golfe du Valinco avec l’espoir de réveiller la résistance à partir du Vicolais et la Cinarca, deux hauts lieux de l’insoumission génoise. Il rencontre cependant beaucoup d’indifférence voire d’hostilité. Il obtient toutefois un brillant succès à la Petrera de Caccia où il est allé porter la guerre. Faute de moyens matériels, il finit par plier devant la supériorité de Gênes soutenue par l’Espagne qui finit par avoir raison de l’insurrection.

En 1567, Sampiero Corso meurt assassiné par un certain Vittolo dont le nom devient synonyme de traître dans le langage populaire. Il est en effet victime de la vendetta des Ornano qui veulent venger la mort de Vannina que Sampiero avait tuée la soupçonnant de collusion avec les Génois.

 

Par Julien Vanschamelhout

Sampiero CORSO et Speloncato

 

Extrait de : « Un mercenaire européen au XVIème siècle »

Michel VERGĖ-FRANCESCHI Antoine-Marie GRAZIANI

1558 : L’assaut contre la tour de Monticello coûta la vie au capitaine Rinuculo de Speloncato, tué après l’assaut par des soldats corses au service de la France.

1566 : A Caccia, les partisans de Sampiero parcourent les confins de la Balagne. Mais les populations refusent de plus en plus de les nourrir. A Speloncato même, la population les repousse les armes à la main : on dénombre deux morts et de nombreux blessés, dont le propre fils de Leonardo de Corte.

Leonardo Casanova, capitaine Corse au côté de Sampiero.

17 Avril 1566 :

« Quelli di Caccia che sono circa 200 e 20 cavalli, scorreno per mangiare ne confini di Balagna et domenica che fu alli vii essendo andati a Speluncato che è ville assai grossa di quella provincia gl’huomini del luogo prese l’armi se gli fecero incontra et li ributtorno feriti dodici et tra gli altri il figlio di Leonardo da Corte che è uno delli Capitani à chi Sampero ha dato compagnia et è ferito per quanto riferiscono fue huomini di detto luogo di Speluncato di una sassata in testa che lo fece cascar da cavallo et di peso fù portato via maltrattato. E ben vero che vi sono restati morti due di detta villa. I Ribelli doppo questa fattione si retironnosubito verso Caccia. »

«Ceux de Caccia qui sont partis avec 220 chevaux, pour chercher à manger aux confins de la Balagne, sont allés à Speloncato qui était un village assez important dans cette province. Les hommes de cet endroit ont pris les armes quand ils se sont rencontrés et revinrent blessés ; parmi eux le fils de Leonardo de Corté qui était un des capitaines à qui Sampiero a donné une compagnie. Il a reçu un coup à la tête qui l’a fait tombé de cheval et fut traîné et malmené (par sa chute). Ils virent qu’il y eut 2 morts de ce village. Les rebelles après ce fait se sont retirés rapidement vers Caccia. »

Des anciens partisans de Rinuculo de Speloncato avaient peut-être encore en mémoire la disparition de leur ami ?

 

Ghjacintu PAOLI

 

La famile PAOLI est originaire de l’Ampugnani et est fixée dans le Rostino depuis au moins le début du XVIIème siècle.

 

Ghjacintu PAOLI nait à Morosaglià en 1681, dans une Corse dominée par Gènes. Après ses études, le « dottore » Ghjacintu PAOLI par son mariage avec Dionisia VALENTINI, de Pastoreccia, s’intègre au puissant parentage d’une famille de caporalli dont l’appui politique lui sera précieux. En 1733, après une première révolte,  Ghjacintu PAOLI dirige la deuxième révolution comme Général de la Nation. Le 30 Janvier 1735, l’indépendance est proclamée lors de la Cunsulta d’Orezza. Le pouvoir est confié à un triumvirat composé de GIAFFERI, CECCALDI et Ghjacintu PAOLI.

 

Ce dernier rédige un projet de constitution dont le préambule décrète pour la première fois dans l’histoire de l’humanité : « les hommes naissent libres et égaux en droits ».

(I Muvrini : “A nostra Storia”)

En quête de légitimité internationale, les responsables de la révolution élisent Théodore de NEUHOFF, Roi de Corse en 1736. En Avril, à la Cunsulta di Alesiani, il est nommé Premier Ministre et marquis. En Novembre, le Roi Théodore 1er, décide de quitter la Corse, et le nomme membre d’un Conseil de Régence, qui assumera, l’administration de l’Ile.

Il poursuit la lutte contre Gènes et les français, mais, en Juin 1739, il est cerné par les troupes du marquis de Maillebois, à Lentu; il capitule, et demande à celui-ci un délai de trois jours pour rallier ses pièves. En Juillet, après s’être présenté au marquis de Maillebois avec ses deux fils Clémente et Pasquale, il demande et obtient l’autorisation de quitter l’Ile. Avec son fils cadet Pasquale, il s’embarque et part en exil, à Naples.

Colonel du Régiment Corsica, il se met au service du Roi de Naples, Charles VII. En 1742, à Naples, malade et rhumatisant, il prend sa retraite d’officier du Régiment Corsica. Il meurt, à Naples, en Décembre 1763.

Pour en savoir plus, aller sur le très bon site

« Cronica di a Corsica »

de Orsu Ghjuvanni Caporossi.

 

http://oursjeancaporossi.club.fr/index.html

Pasquale PAOLI, le père de la patrie

« Pascal Paoli, sans aucun doute la plus grande figure de l’histoire de la Corse » : cet avis du regretté historien corse René Emanuelli illustre parfaitement l’importance de l’homme symbole de l’indépendance corse au XVIIIeme siècle.

Pascal Paoli naît en 1725 dans le hameau de Stretta à Morosaglia, de Hyacinthe Paoli qui a joué un rôle de premier plan dans la révolte contre Gênes, et de Dionisa Valentini, membre d’une famille caporaliste. Il appartient donc à une famille de la classe des notables et plus particulièrement à la bourgeoisie rurale éclairée. En 1739, la situation en Corse pousse son père à l’exil : il doit le suivre à Naples. Respectant la tradition insulaire, il choisit le métier des armes et devient sous-lieutenant dans un régiment du roi de Naples. Il reste cependant très proche des affaires corses et en 1755 il répond à l’appel de son frère Clémente qui lui demande de rentrer. En avril, il est accueilli triomphalement par une foule nombreuse et enthousiaste même si son retour n’est pas souhaité par tous. En juillet, il est proclamé Général de la Nation Corse.

 

C’est le début d’une est période de quatorze ans pendant laquelle Pascal Paoli s’attache à la réalisation d’une Corse unie et indépendante. Il fait voter une Constitution affirmant la souveraineté de la Nation Corse et la séparation des pouvoirs : l’Assemblée générale, qui détient le pouvoir législatif, est élue par les chefs de familles de plus de vingt-cinq ans et le pouvoir exécutif appartient au Conseil d’Etat. En outre, Paoli dote l’île d’une justice. Elle est cependant prompte et dure : Paoli fait exécuter un de ses neveux auteur du meurtre de sa femme. Il fixe la capitale à Corte et choisit le drapeau national corse avec la Tête de Maure à l’avers et Sainte Dévote (patronne de la Corse) au revers. Il crée une imprimerie d’où sortiront les Ragguagli dell’Isola di Corsica, les journaux officiels, et fait frapper monnaie. De plus Paoli veut s’affirmer sur le littoral : il crée un port à l’Isula (Ile Rousse) pour contrer les cités génoises de Calvi et Algajola en Balagne et met en place un modeste flotte battant pavillon corse. Parallèlement à l’œuvre politique, Paoli crée une université à Corte et confie l’éducation au clergé. Il développe l’agriculture, implante la culture de la pomme de terre et encourage la prospection des mines et des carrières.

L’Etat paolien prend fin avec le traité de Versailles en mai 1768 : à cette époque Gênes, qui détient les villes côtières de Bastia, Ajaccio, Calvi et Saint-Florent, est en proie à des problèmes financiers et décide de céder à la France sa souveraineté sur la Corse, en principe de manière temporaire. Le traité est ressenti dans l’île comme une vente déguisée et Paoli le conteste énergiquement. Les troupes corses gagnent plusieurs batailles et défont les Français à Borgo fin 1768 mais en 1769 les régiments français supérieurs en nombre obtiennent une victoire décisive à Ponte-Novo sur le Golo, entre Corte et Bastia. La Corse, battue, devient française et Paoli est contraint à un exil vers Londres. Il y reste plus de vingt ans, pensionné par Georges III. Pendant cette période, Paoli est reçu avec égard par plusieurs souverains éclairés et s’illustre dans la société londonienne.

En 1789 la révolution française renverse la situation : Paoli quitte l’Angleterre pour la France où il est reçu triomphalement par le marquis de La Fayette et Maximilien de Robespierre. Celui-ci souligne le fait que Paoli a été un des premiers défenseurs de la Liberté en un temps où personne encore n’osait l’espérer. Pascal Paoli traverse alors la France pour rejoindre la Corse : les populations l’applaudissent et les journaux le surnomment le  » Washington corse « . Le 14 juillet 1790, il débarque en rade de Santa Maria au nord de Macinaggio et en septembre il est élu président du directoire départemental et général de la garde nationale. A Corte, il est proclamé  » Père de la patrie « .

Cependant, dés 1792, Paoli s’oppose à la France et à la tendance centralisatrice jacobine qui se concilie mal avec son idéal d’indépendance. Il fait donc appel à l’Angleterre et place la Corse sous son protectorat. La Convention l’accuse alors de connivence avec l’ennemi et le met hors la loi. Les Britanniques désignent un vice-roi de la Corse, Sir Gilbert Elliot, et écartent Paoli du pouvoir. Le roi Georges III le rappelle à lui et en 1795 Paoli est contraint à un nouvel exil vers Londres. Il y meurt le 5 février 1807. En avril son buste est érigé à l’abbaye de Westminster où il est encore visible. En 1889, son corps est rapatrié en Corse et enterré dans sa maison natale.

Réformateur, théoricien éclairé, humaniste, Pascal Paoli aura donc marqué le XVIIIeme siècle de son empreinte. Rousseau, Boswell, Voltaire et bien d’autres ont souligné son influence et son action qui aura largement dépassé les frontières de l’Europe puisque plusieurs villes aux Etats-Unis portent le nom de Paoli City.

 

Par Julien Vanschamelhout

Danièle CASANOVA

Danielle Casanova (née Vincentella Perini à Ajaccio (Corse) le 9 janvier 1909Auschwitz, 9 mai 1943) était une militante communiste et une résistante, morte en déportation à Auschwitz. Elle a été responsable des Jeunesses communistes, avant de fonder l’Union des jeunes filles de France.

Fille d’instituteurs, Vincentella Perini poursuit ses études secondaires à Ajaccio puis au collège du Luc (Var) où elle suit l’une de ses professeurs. Après un bref passage en classe préparatoire, elle s’inscrit à l’école dentaire de Paris, préférant une profession libérale à la fonction publique. Elle y découvre l’Union fédérale des étudiants, organisation étudiante de gauche à laquelle elle adhère avant d’en devenir responsable. Elle rencontre son mari, Laurent Casanova, au sein de cette organisation. En 1928, elle s’engage dans les Jeunesses communistes.

Vincentella se fait alors appeler Danielle et devient très vite secrétaire du groupe de la faculté de médecine. Tout en poursuivant ses études, elle rejoint le Comité central du mouvement au VIIe congrès en juin 1932, puis la direction du mouvement en février 1934, où elle est la seule femme. Face à la très rapide augmentation des effectifs de la JC, le VIIIe congrès réuni à Marseille en 1936 la charge de fonder l’Union des jeunes filles de France. Cette organisation, bien que proche de la JC, a vocation à créer un mouvement de jeunes filles pacifiste et anti-fasciste. Élue secrétaire générale de l’UJFF lors de son premier congrès en décembre 1936, elle organise par ailleurs une action de collecte de lait concentré pour aider les enfants d’Espagne victimes de la guerre civile.

 

Lors de l’interdiction du PCF en septembre 1939, Danielle Casanova passe dans la clandestinité, et contribue au journal Le Trait d’Union. À partir d’octobre 1940, elle participe à la mise en place des Comités féminins en région parisienne. Tout en continuant à contribuer à la presse clandestine, notamment pour la Pensée libre et en fondant la Voix des femmes, elle organise des manifestations contre l’occupant, notamment les manifestations des 8 et 11 novembre 1940[1] suscitées par l’arrestation du professeur Paul Langevin, puis celle du 14 juillet 1941

 

Elle est arrêtée par la police française le 15 février 1942 alors qu’elle ravitaillait Georges Politzer et sa femme. Emprisonnée à la prison de la Santé puis au fort de Romainville fin août 1942, elle est déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943 où elle sert dans l’infirmerie du camp en tant que chirurgien-dentiste. Elle ne cesse jamais de militer, organisant publications et manifestations clandestines au dépôt, puis au fort, et finalement la solidarité dans le camp de concentration. Elle décède le soir du 9 mai 1943 du typhus.

 

Laisser un commentaire