CUGNOME
Cugnome (surnom) :
Nom ajouté au nom ou au prénom de quelqu’un.
Les Romains ajoutaient un ou plusieurs surnoms (cognomina), tirés souvent de particularités physiques ou morales, d’une action ou d’une distinction personnelle.
(Grand Larousse – 1987)
Cette tradition s’est transmise jusqu’à aujourd’hui, dans de multiples pays et de nombreuses campagnes.
A speloncato, on parle encore de certaines personnes en les situant par rapport à leurs anciens; par exemple : « Pietru di u sordu « .
Un surnom peut parfois être un diminutif; par exemple:
Françoise = Francesca qui devient Cecca ou Ché ché.
Ce rattachement à nos racines, et à ces surnoms du passé évoque des souvenirs et des émotions….
Un long travail de recueil de Marisette PAPI nous propose une liste non exhaustive de quelques cugnomi du village :
Chjarapellu: clair de poil, ou sans appel
A volpe: le renard
Cannone: canon ( de 75)
E Fragate: les frégates
U Sordu: le sourd
Marzu: mars
Cabonne : grosse tête
Bichonne: gros pet silencieux
Fraghjocca: à travers la tête
Tipidi: typé ?
U Rugiu: petit ver du chou
Cisarinu: petit césar
Pappogiu: qui a une huppe
Memmu : ?
Tiurinu : « clou »
Fieru : fier
U Comtè: le comte
Tittonne: de tintu ? pauvre, sale ou teint, le gros Titus ?
Flaquinetta : petite veste, gilet
Ninnonne: gros bibelot ? le gros Ninou ( prénom ?)
Malingnonne: gros malin
Carafonne: grosse carafe
Chjurlinu: qui siffle ou qui bois
U Pabba: le pape
Penelbe : ?
Prede Miniù: le prêtre.. ?
Pidaghjolu: lieu où l’on pète ou pétomane
Rabaquinu: ?
Bucallè : grande bouche
Chuchu : bébé
Manelli: gerbier de graminées (gracieux et élancé)
Cucùmeru: concombre
Spala fornu: gueule de four
Curnetta: petite corne (instrument de musique)
Mangana ou Caribaldellu : ? ou qui titube ou se balance, tergiverse.
Quelques commentaires :
Flaquinetta :
Antoine PAPI avait été garçon de café, et il continuait de porter un gilet de « serveur ».
Fraghjocca :
Antoine FILIPPI disait-il tout ce qui lui passait par la tête?
Tiurinu :
Toussaint répétait toujours les mêmes choses, comme « pour enfoncer le clou »
Curnetta :
Antoine COLOMBANI chantait volontiers, mais semblait ne pas avoir assez de voix.
Rugiu :
Cet homme était petit,… comme un petit ver.
« A volpe »: le renard.
Philippe GRIMALDI né le 18 décembre 1853 à Speloncatu, était un homme fin et rusé. Il faisait « tourner » la propriété de Pomontoni appartenant à la famille CARBUSCIA, de manière très intelligente ; il avait l’esprit de famille et adorait ses enfants.
Est-ce pour ces traits de caractère proche du renard qu’on le surnomma : « a volpe » ?
Toujours est-il que ce surnom lui était tellement attaché, que plus tard, ses enfants et même petits-enfants, étaient identifiés de la sorte.
On entend encore aujourd’hui ce surnom dans certaines discussions.
Philippe GRIMALDI
« Chjarapellu »:
La tradition orale nous relate à propos de Paul-André QUILICI, né le 14 Janvier 1837 à Speloncato, des anecdotes piquantes dépeignant son caractère particulier. A ce qu’on dit, cela l’amena jusqu’au « bagne » suite à une rixe à épisode et avec armes.
De cette tradition orale, quelle est la part de vérité?… Est-il vraiment nécessaire de le savoir? Concernant ce personnage et cette histoire, la curiosité nous a cependant piqué et nous avons poursuivi nos recherches jusqu’aux archives départementales de Haute-Corse. La lecture du jugement du tribunal correctionnel de Calvi du 25 Juin 1884, et de l’arrêt correctionnel de la cour d’appel de Bastia du 6 Août 1884, nous confirme et nous précise quelques points de cet épisode « correctionnel » de cet homme au sang chaud. Mais cela sera exposé dans d’autres rubriques du site.
Revenons à son surnom : « Chjarapellu ».
En fait, nous en ignorons exactement l’origine. Cependant, après de nombreuses discussions avec nos anciens, une hypothèse semble pouvoir être avancée.
Après avoir écarté le lien avec sa profession de cordonnier, qui utiliserait un outil du nom de « tiarapa », l’origine du surnom de Paul-André serait d’avantage liée au personnage lui-même.
Etymologiquement « chjara pelu » signifierait: « clair de poil ».
Un document provenant des archives départementales de Haute-Corse, semblerait confirmer cette hypothèse; il s’agit d’un extrait du registre d’écrou de la maison de correction de Bastia relatif à l’anecdote précédente, nous donnant la description, à défaut de photographie, de l’ »illustre » personnage. (C’est sur la base de ce document que nous avons dressé son « portrait robot » présenté en début).
Cet homme de petite taille et au teint coloré avait, à 47 ans, une barbe et des sourcils grisonnants; rien n’est dit à propos des cheveux, mais il semble que Paul-André ait été précocement poivre et sel (certains de ces descendants sont dans ce cas.).
Une seconde hypothèse, qu’on retient plus communément, expliquerait ce surnom par rapport au caractère même de Paul-André.
Très entier, et prenant des décisions sans appel et, claires et nettes, on l’aurait surnommé « chjaru appellu » ou « chjar’appellu ».
Cela expliquerait-il son surnom? Pourquoi pas; malheureusement, personne à ce jour ne peut le confirmer vraiment.
« Cucùmeru »: concombre.
Ange-Jean MANCINI (1849-1925) était affublé de ce surnom à cause de la forme de sa tête.
En effet, au regard de quelques photographies, Ange-Jean avait, un peu, la tête allongée…
Heureusement, ce surnom quelque peu moqueur, ne resta pas dans la famille.
« Spala fornu »: Gueule de four.
En d’autres termes « grande gueule »; ce surnom peu flatteur était plutôt attribué aux femmes de la famille. On taira son nom, mais quelques descendants se reconnaîtront.
Ces femmes parlaient sans doute, beaucoup, haut et fort.
Avaient-elles du « coffre », ou disaient-elles « du mal »?…
Toujours est-il qu’on leur avait attribué ce surnom, qui aujourd’hui n’est plus utilisé,… mais pas oublié!