Source : https://www.corsicamea.fr/bandits/bandit-bornea.htm
François Bornéa est né à Campo le 17 avril 1905. Après une enfance sans histoires pendant laquelle il se fait remarqué comme coureur cycliste, il s’engage dans la marine à l’age de 18 ans. Libéré en 1925, il retourne en Corse et demande aussitôt à intégrer le corps de la Gendarmerie à Saint Auban, dans les Alpes Maritimes.
En 1927, il demande et obtient son affectation dans le corps des gendarmes maritimes à Toulon. Dans ce service, il y fait de mauvaises rencontres qui altèrent son comportement jusqu’alors irréprochable. En juillet 1928, alors qu’il vient de quitter son poste sans permission, il est arrêté par les gendarmes à sa descente de bateau à Ajaccio et ramené à Toulon.
Le 10 décembre 1928, il passe en conseil de discipline et est définitivement radié des effectifs pour cause de désertion. Il rentre en Corse mais ne rejoint pas sa femme à Ajaccio et s’installe quelques temps chez ses parents, à Guitera puis à Ciamanacce et enfin à Palneca où il y trouve un emploi de forgeron. Mais sa réinsertion dans la commune se révèle difficile. Sans argents, il exerce au hasard des villages de Corse du Taravo même jusqu’en Castagniccia, sa profession de forgeron et d’hologer. Cette vie errante faite d’expédients le mène tout droit à la délinquance.
C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Joseph Bartoli dont les exploits semblent l’avoir « impressionné ». Les deux hommes se lient d’amitié et le 17 janvier 1930, à Cozzano, ils arrêtent la voiture d’Ange Marsilj pour lui soutirer une importante somme d’argent puis ils exigeront de lui une « redevance » pour lui permettre de continuer son activé.
Pour asseoir sa notoriété et satisfaire sa mégalomanie, Bartoli se fit fabriquer un cachet à son nom. Dès lors, tous ceux qui recevaient des lettres portant son sceau et revêtues de la signature des deux bandits percepteurs, savaient à quoi s’en tenir.
Devenus riches grâce à un racket de plus en plus présent, Bornéa mène la grande vie avec son complice Bartoli. Ils inspirent la crainte et le respect. Leur puissances est telle qu’ils obligent les gendarmes à sortir sans armes, les habitants à ne pas éteindre leurs lumières la nuit, et les cafés à fermer leur porte à 22 heures.
Le 10 mai 1930, les deux complices roulent en voiture sur la route menant de Zicavo à Cozzano. Soudain ils s’arrêtent. Des hommes effectuent des travaux sur la chaussée et demandent à Bartoli et Bornéa de patienter. Echanges de mots, menaces, l’incident tourne vite au tragique. Bornéa descend de voiture, déclenche une bagarre, sort son arme et abat froidement le jeune Arsène Bucchini der Zicavo, âgé de 14 ans au seul motif que ce dernier ne s’est pas écarté assez vite pour laisser passer sa voiture et qu’il lui a ensuite manqué de respect.
Le 16 juin 1930, M.Sanguinetti, exploitant forestier de Marmano est victime d’une extorsion de fond qui leur rapporte la somme important pour l’époque, de 20.000 francs. C’est l’époque à laquelle, pour des raisons qui ne sont pas connues, Bartoli et Bornéa se séparent.
Le 18 octobre 1930, Bornéa écrit au journal l’Eveil de la Corse : « On m’a traité de demi-fou… mais j’attends cette fameuse balle adroite qui mettra fin au démon de ma vie« .
Au cours d’une errance qui devait durer trois ans, Bornéa continue son racket en solitaire, côtoyant un moment le Bandit Spada, puis décide finalement de se rendre au Capitaine de la Gendarmerie de Sartène au début de l’année 1934, après de nombreuses tractations menées par sa famille et des amis communs.
En 1935, la cour d’assises de Bastia le condamne seulement à cinq ans de prison. Après avoir purgé sa peine à Nimes, il est ensuite mobilisé. A sa libération en 1940, il s’installe à Porto-Vecchio où il va mener une existence tranquille jusqu’à sa mort en 1982, en exerçant le métier d’horloger.