L’entreprise speloncataise Société Corse de Conservation-Restauration à l’honneur dans le quotidien insulaire
Jeudi 26 novembre 2020
Corse-Matin du mercredi 26 novembre 2020
PERU CASEVECHJE
La statue de saint Antoine a été restaurée
JACQUES PAOLI
À Peru Casevecchie, on accorde un intérêt tout particulier à la préservation du patrimoine. La statue de saint Antoine a ainsi retrouvé sa place dans l’autel qui lui est dédié en l’église de l’Annonciation, à Peru. Cette statue provient du couvent Saint-François de Tavagna. Elle offre une posture assez méconnue de saint Antoine portant l’enfant Jésus, dont la représentation est assez variée. Elle a été réalisée au XVIIe siècle par l’un de ses moines, le révérend Padre Cane de Corte, et fait partie des biens appartenant au couvent qui ont été distribués aux communes de la pieve lors de sa destruction par les troupes de Saliceti en 1798. Dans les années soixante, la statue a été recouverte d’une couche de peinture à l’huile, sans doute protectrice, mais tellement inappropriée, que le résultat a eu un effet désastreux.
Le travail de restauration a consisté à éliminer cette couche de peinture pour redonner à la statue son aspect d’origine. Il a été réalisé inévitablement par Ewa Poli, celle qui ressuscite le patrimoine sacré de la Corse, secondée dans cet ouvrage par son fils, Nicolas. Le financement de cette opération a été réalisé par la commune de Peru Casevecchje, avec le soutien de la direction du patrimoine de la Collectivité de Corse. Il y a quelques années, Ewa Poli avait remis en état un tableau qui provient également du couvent de Tavagna et qui représente La Cène. Au début du mois d’octobre, la statue et sa restauratrice ont été accueillies par quelques villageois, fiers et émus d’assurer la réception de l’oeuvre restaurée. Un moment solennel qui mérite beaucoup mieux. C’est pourquoi, rendez-vous a été pris pour l’été prochain, dans le cadre d’une rencontre au cours de laquelle Ewa Poli présentera le travail de restauration qu’elle a réalisé. Nicolas Humbert dressera l’inventaire des éléments dignes d’intérêt de l’église de Peru. Nous en livrons dès à présent quelques détails.
Ses deux clochers lui confèrent une identité remarquable. Construite en 1617 par le maître maçon Giovanni Maria Sartore de Lago Maggiore, elle était toujours en construction lorsque Monseigneur Mascardi, évêque du diocèse, la visita en 1646. Elle a remplacé l’église de l’Assomption qui se trouvait dans la propriété de la famille Renucci, au lieu-dit U Pianu, Santa Maria di Pietracorbara datant du XIe siècle et appartenant à l’île de Monte Cristo. En 1852, une dépense de 750 francs a permis de réaliser le pavage du chœur et la pose de la balustrade en marbre. L’achat du tableau du Sacré-Cœur et la réfection de l’autel de saint Antoine, près du chœur, ont coûté 837 francs. Les quatre chapelles latérales ont été refaites en 1819-1820 de façon moderne, les autels en stuc de 1756 ont été remplacés. D’après les registres du curé Bonacorsi, ces travaux ont coûté 3 000 francs. En 1873, la nef de l’église a été prolongée de plus de deux mètres. L’architecte Nardioni, de Bastia, a érigé une belle façade flanquée de deux clochers, remplaçant l’ancienne de type baroque. L’originalité de cette église tient à l’existence de ces deux clochers. Ils sont équipés de quatre cloches. Sur l’emplacement actuel de la Piazza Nova, accolée à l’église, il y avait une chapelle qui abritait la confrérie dédiée à la Sainte Croix. Elle a été construite le 16 décembre 1633 par le maître maçon Sartore.