Source : https://www.corsicamea.fr/coutumes/habits.htm
Les Corses, dont les récoltes étaient souvent accaparées par les notables du village étaient pauvres et les familles nombreuses de cinq ou six enfants et parfois plus étaient souvent confrontées à la précarité. La misère et le dénuement étaient partout omniprésents.
On n’avai bien souvent que peu de linge et peu de vêtements que l’on conservait précieusement dans le cascione (grand coffre) en le parfumant avec du piombone (lavande). L’inventaire vestimentaire de toute un vie se résumait au luxe de pouvoir changer de vêtements deux fois par an et trois fois par an de sous-vêtements. Les femmes utilisaient leurs robes usées pour en faire des jupons et le costume, c’est à dire le vêtement le moins usé, n’était sorti que pour les grandes occasions: mariages fêtes, enterrements.
Dans chaque village, les femmes et les jeunes filles filaient et tissaient le lin, la laine, le chanvre et surtout le poil de chèvre. Ce travail, parmi de nombreuses autres occupations, constituait une de leurs principales activités qu’elles poursuivaient bien souvent en accomplissant d’autres tâches : En allant chercher du bois, en revenant de la rivière avec le seau sur la tête, en gardant le troupeau, à la veillée. Elles fournissaient ainsi à la Corse toute la toile et tout le drap nécessaire à la confection des habits.
Dès leur plus jeune âge, les jeunes filles étaient initiées à l’art du maniement du fuseau et de la quenouille. Elle se constituaient ainsi leur trousseau. Le jour de leur mariage, une quenouille enrubannée pour la circonstance, leur était offerte en cadeau par la mère du marié qui lui offrait ce symbole sur le seuil de sa maison pour lui rappeler les travaux à accomplir dans son futur devoir d’épouse.
Des doigts experts de ces femmes et de ces jeunes filles sortaient trois qualités de textiles: la toile de lin, le drap en laine de brebis (u pannu) et le drap en poil de chèvre (u pelone) qui servait à la confection des manteaux des bergers. Le poil des brebis noires, qui servait à confectionner les vestes, les peloni et les pantalons des hommes, était le plus recherché car c’était le plus solide. Le poil des brebis blanches servait à faire des gilets et des jupons. Avant d’être portés, tous ces vêtements étaient emmenés au moulin pour être foulés et parfois teints. Il y avait également quelques fabriques spécialisées. Celles de Venacu, du Niolu, de Siscu et de Bucugnanu étaient parmi les plus réputées.
Jusqu’au milieu du 19ème siècle, l’homme porte une ample et épaisse chemise en toile de lin, une large culotte faite dans le drap en laine de brebis, boutonnée sous le genoux (braghe), des guêtres confectionnées dans le même drap que la culotte et qui recouvrent de gros godillots de cuir parfois cloutés, une veste de velours et il coiffé d’un bonnet pointu de velours ou de drap qui le protège du soleil et du froid. Tous portent des bonnets de peau de sanglier, la baretta misgia. La casquette plate ( baretta), n’est utilisée que pour les grandes occasions.
Le berger est vêtu de velours ou de grossiers vêtements en poil de chèvre qui de loin le font ressembler à un ours. Il porte le pilonu qui lui permet de supporter les hivers rigoureux et dans lequel il s’enroule la nuit quand il dort à la belle étoile. Il porte à la ceinture une cartouchière (cartouchera) dans laquelle est parfois glissé un pistolet, dans sa poche un stylet, en bandoulière une gourde et une musette contenant son casse croûte, sur le pli du bras un fusil sans courroie.
Quand aux femmes, si dans les villes quelques unes s’habillent à la française, dans les campagnes et les villages, elles sont vêtues de vêtements confectionnés dans les mêmes étoffes que ceux des hommes.
Elles portent une chemise de lin tissée, un justaucorps (imbustu) et une robe longue souvent sans manches, de couleur noire ou bleu foncé, sous laquelle on compte jusqu’à sept jupons qui peuvent être de différentes couleurs.
Elles sont coiffées d’un bonnet ou d’un voile (mezzaru), leurs jambes sont recouvertes de bas bleus ou noirs, en laine ou en coton mais elles vont sans bas et sans souliers à leurs pénibles travaux.
Pour aller à la messe ou au cimetière, les femmes mariées portent une robe légèrement courte sur le devant et très longue derrière qu’elles rabattent sur leur tête (a faldetta).