Source : https://www.corsicamea.fr/personnages/pozzo-di-borgo.htm
Charles André Pozzo di Borgo est né à Alata, un petit village près d’Ajaccio, le 08 mars 1764.
Dans le jardin des Milelli, propriété des Bonaparte, Napoléon et Charles André discutent de l’avenir politique de la corse. Ils sont alors les meilleurs amis du monde bien que pourtant tout les sépare. La famille de Charles André Pozzo di Borgo possède de nombreux biens et les titres de sa noblesse n’ont pas été usurpés comme l’ont été ceux de la famille Bonaparte par l’entremise de Marbeuf. Cependant, l’un comme l’autre éprouvent alors une grande admiration pour Pascal Paoli.
Mais le cours de l’histoire est changeant et l’amitié de Pozzo allait bientôt se transformer en haine : Le 27 mars 1791, au cours d’élections pour le poste de lieutenant-colonel de la garde d’Ajaccio, Napoléon se présente contre Péraldi qu’il ira jusqu’à provoquer en Duel, et contre Mathieu Pozzo Di Borgo, frère de Charles André.
Dans un climat de violence et de fraude, Napoléon est élu malgré les protestations de ses adversaires. Au cours des affrontements qui en résultent, Mathieu est gravement blessé et Charles André accusera Napoléon d’être responsable de la mort de son frère.
Dès lors, il vouera à Napoléon une haine sans faille qui le poursuivra jusqu’à l’exil de Sainte-Hélène, tandis que Bonaparte cultivera la sienne en se détournant de Paoli jusqu’à l’exil de ce dernier en Angleterre.
Après l’invasion manquée contre la Sardaigne, le 25 janvier 1793, Pozzo di Borgo et Paoli sont accusé par la convention d’en être les principaux responsables et une campagne de diffamation est menée par Lucien, le frère de Napoléon dans le but de les éliminer du pouvoir. Il écrit à Napoléon : » Pozzo e Paoli decretati e la nostra fortuna è fatta !« .
A la consulte de Corte, présidée par Paoli, il est décidé que: » Le peuple Corse abandonne les Bonaparte, nés de la fange et et du despotisme, à leurs propres remords et à l’opinion publique, qui les avait déjà condamnés à l’exécration éternelle et au déshonneur. »
Paoli ordonne l’arrestation de Napoléon qui prend la fuite et quitte définitivement la corse en constatant avec amertume : « Questo paese non è per noi« .
Le 15 juin 1794, la Corse devient officiellement Anglaise. La constitution que Pozzo a écrite à Corte est votée par Paoli. Gilbert Eliott devient vice-roi de Corse et Pozzo Di Borgo est élu président du Conseil d’Etat et procureur général de gouvernement provisoire. Les deux hommes se rencontrent pour la première fois à Murato et Pozzo qui deviendra l’interlocuteur privilégié entre Eliott et Paoli jouera un rôle important durant la courte période de ce royaume Anglo-Corse.
Les armoiries du royaume anglo-corse regroupent les armes du Royaume-uni et celles de la Corse. L’expression « amici non di ventura« , extraite de l’enfer de Dante, prononcée par Sir Elliott, lors du discours scellant l’avènement de ce nouveau régime, devient la devise du royaume de Corse.
Mais la situation se dégrade rapidement car Poli se sent évincé par Eliott et Pozzo est accusé de manipuler Paoli. Les Anglais éprouvent des difficultés à gouverner et songent à donner le pays à une puissance étrangère… même à la Russie!
Le 15 octobre 1795, Paoli reprend pour la deuxième fois le chemin de l’exil, tandis que le 12 mai 1796 Pozzo, proscrit de France par le Directoire, démissionne.
Le 15 novembre 1796, les Anglais abandonnent la Corse qui se rallie définitivement à la France.
Pozzo, dont tous les biens ont été saisis sur ordre de Napoléon n’a pas été amnistié. Il est contraint à son tour de quitter définitivement sa patrie. Tout ses biens sont saisis et vendus comme « biens nationaux ». Il s’embarque à Porto-Vecchio pour Portoferraio avec l’intention de se réfugier à Rome mais il doit fuir à nouveau et le 06 mars 1797 il débarque à Plymouth pour se rendre à Londres où Gilbert Eliott lui apporte son soutien en l’introduisant dans les cours des plus grands et en particulier de celle du futur Charles X.
Puis Pozzo quitte Londres pour Vienne où il réside pendant 6 ans avant de poursuivre en 1804, une brillante carrière diplomatique au service de la Russie. En 1813, il est promu général de l’armée Russe et après la défaite de Napoléon, il est nommé ambassadeur de Russie en France (de 1814 à 1830) et l’Empereur de Russie le fait comte en 1826.
Quand l’empereur déchu fut exilé à Sainte Hélène, un jour qu’on lui demandait d’intervenir en sa faveur, Pozzo di Borgo eu l’honnêteté de répondre : » Après avoir tant combattu Napoléon, je ne serais pas crédible pour plaider sa cause« . Par la suite, à la mort de son ennemi, il déclara: « Je ne l’ai pas tué, j’ai seulement jeté sur lui la dernière pelleté de terre. »
En 1835, ses sympathies politique obligent le tsar Nicolas 1er à le transférer à l’ambassade de Russie à Londres. Malade, il reviendra à Paris en 1839 pour y terminer sa vie.
Décrit comme un opportuniste Pozzo l’était certainement; mais il s’est indubitablement servi des opportunités qui se sont présentées à lui pour assouvir une haine qu’il a su entretenir tout au long de sa vie et jusqu’à sa mort survenue à Paris le 15 février 1842.