Source : https://www.corsicamea.fr/contelegend/fada.htm
Les fées, qui font de temps en temps leur apparition dans le monde des humains, sont généralement belles et on dit que les hommes, malgré les craintes qu’ils éprouvent en les voyant, en tombent souvent amoureux.
La fée a de très longs cheveux, des yeux étincelants et sa jeunesse est éternelle car elle ne vieillit jamais. Le jour, pour se protéger des hommes, elle vit dans des lieux particulièrement inaccessibles comme les grottes profondes, le fond des torrents, le sommet des montagnes… Il arrive pourtant parfois que l’homme et la fée, poussés par une curiosité réciproque, se rencontrent et l’on dit que cette rencontre apporte à l’homme bonheur, santé et richesse. L’histoire de fée d’Alesani et de Francescu en témoigne.
Il était une fois dans la vallée d’Orezza, une famille qui était très pauvre. Un jour, la mort dans l’âme, le père dit à ses enfants: « Partez, allez chercher fortune car ici le pain vient à manquer ! ».
Le pauvre Francescu, qui était le plus petit de la famille, se mit à pleurer à chaudes larmes; il ne pourrait jamais suivre ses frères car il était boiteux.
Ils se mirent donc en chemin mais au bout de quelques jours de marche, ses frères décidèrent de l’abandonner sous les châtaigniers. Francescu pleura beaucoup mais épuisé, il finit par s’endormir. Quand il se réveilla, une vieille femme était assise près de lui et il se rendit compte que sa jambe ne le faisait plus souffrir. Il se leva, fit quelques pas et s’aperçût qu’il ne boitait plus. Alors, il réalisa en regardant la vieille femme sourire que celle ci l’avait guéri et il devina que c’était une fée. Le brave Francescu lui en témoigna une profonde gratitude et ne savait pas comment la remercier.
Touchée par sa reconnaissance, la vieille dame reprit son apparence de fée et lui offrit de réaliser tous ses voeux en lui donnant un sac dans lequel il pourrait y mettre tout ce qu’il voudrait, et un bâton qui réaliserait toutes ses volontés. Francescu voulut remercier la bonne fée mais elle avait déjà disparu. Francescu avait très faim. Il demanda à son sac du pain, du fromage et de l’eau et aussitôt son voeu fut exaucé. Repus, il reprit son chemin et ses pas le guidèrent vers le casino de Cervioni où, disait-on, le diable déguisé en croupier regardait les joueurs se ruiner et se proposait de les tirer d’affaire en achetant leur âme.
Pour jouer au Casino, il faut de l’argent et Francescu n’en avait pas. Avec son bâton il demanda à son sac de se remplir de cent mille écus et rentra s’asseoir à une table de jeu à laquelle le diable ne tarda pas à le remarquer. Francescu joua toute la nuit, puis la nuit suivante jusqu’à ce que son sac fut vide.
Alors le diable, que Francescu avait reconnu, lui proposa de lui rendre tout ce qu’il avait perdu, en échange de son âme. En guise de réponse Francescu s’écria: » saute dans mon sac vilain diable! » et aussitôt, le diable se retrouva prisonnier au fond du sac; alors Francescu commanda à son bâton de frapper, de frapper, de frapper… Fou de douleur le diable s’écria: « pitié! », je ferai ce que tu voudras. Alors Francescu lui ordonna de libérer toutes les âmes des pauvres gens qu’il avait ruiné puis il ouvrit son sac pour laisser partir le diable tout piteux.