Source : https://www.corsicamea.fr/coutumes/naissance.htm
« Chi sara ? maschiu o femina ?« .(Qu’est-ce-que ça sera ? un garçon ou une fille?). En ce temps la, pour déterminer le sexe de l’enfant on avait recours à l’interprétation des signes, aux pratiques divinatoires, on se fiait à la forme du ventre, à la période de la lune durant la fécondation, on invoquait Sainte Anne.
Si c’est un garçon, selon la tradition, il portera le prénom de son grand-père paternel; si c’est une fille, on lui donnera celui de sa grand-mère maternelle. De préférence, ce sera un garçon (7 garçons pour une fille, dit le proverbe). En attendant la venue de l’enfant, gare aux envies de la femme enceinte !.(e brame). Si elles ne sont pas satisfaites, les enfants en porteront la marque à la naissance.
L’accouchement avait toujours lieu au village. Une vieille femme, la plus expérimentée en la matière (a cugliadora ou mammana), faisait office de sage femme. On n’avait recours au médecin (bien souvent trop tard) qu’en cas de graves complications.
Jadis, quand une femme mourrait avant d’avoir mené à terme sa grossesse, on déposait dans son cercueil, du fil, une aiguille, des ciseaux et un morceau de toile pour qu’elle puisse dans l’au-delà coudre les langes de son enfant.
La femme Corse assistée de la mammana, n’accouchait pas dans le lit où elle s’était « déshonorée », mais sur une couverture, à même le sol, près de la cheminée ou du fucone au dessus duquel était suspendue une marmite d’eau bouillante. L’homme était tenu à l’écart tant que la naissance n’avait pas eu lieu. Au bout d’un maximum de 24 heures la femme reprenait ses occupations.
Dès les premiers instants de la vie, si la mère ne pouvait pas allaiter elle même, c’était la mammana qui se chargeait de donner le sein à l’enfant qu’il fallait à présent protéger des streghe et des mazzeri.
Pour empêcher les mauvais esprits et les démons de s’approcher du nouveau né, on plaçait au fond de son berceau un livre de messe et un poignard au manche en forme de croix. On ne coupait jamais les ongles du bébé. Avant de s’endormir la mère prenait soin de placer une faucille, un morceau de cierge de la chandeleur ou du gros sel sous son oreiller. Dès qu’il y avait quelque inquiétude sur la santé de l’enfant on avait recours à l’incantatora ou à la signadora (la guerisseuse) qui procédait aussitôt à un rituel pour chasser le mauvais oeil (l’innochiatura). On veillait également à ne jamais embrasser le nouveau né dans son berceau, à ne jamais le faire dormir les pieds dirigés vers la porte et à ne jamais balancer son berceau vide sous peine de lui porter malheur.
Ainsi protégé, bercé par une nanna (berceuse) l’enfant s’endort chaque soir paisiblement.