A PETRA TAFUNATA 

A PETRA TAFUNATA 

 

 

Eccolo, eccolo

 

Romulus CARLI, encore lui, a écrit, ce qu’il appelait des « Causeries », sur différents thèmes, mais toujours au sujet de la Balagne et de ses merveilles.

Il en écrivit une, dans ses « Coups de plume variés, d’un enfant de Balagne », à propos des grottes qui entourent Speloncato. Cette causerie, est un « brillant » hommage à la Petra Tufunata, et constitue un témoignage de la fin du 19ème siècle sur un spectacle, que malheureusement beaucoup de personnes, n’ont jamais vu.

La lecture de ces quelques lignes saura nous aider à l’imaginer…

 

 

« Speloncato tire son origine du mot latin Spe­lunca, grotte, Speloncato, lieu de grottes: en effet, les deux rochers entre lesquels ce beau village est entièrement assis à califourchon sont percés de nombreuses grottes; parmi les plus belles, je citerai la grotte du Ranfionu, sur les reins solides de laquelle se dresse majestueusement l’église Sainte Marie, jadis collégiale insigne; les grottes dei Frati (des moines) assez vastes pour abriter des centaines de chèvres; la grotte del Portello, (de la fenêtre); la grotte d’Agnese, d’Agnès, candide jeune fille du XVe siècle, contemporaine de la belle tourangelle Agnès Sorel…

 

Eh bien ! si belles, si curieuses, si vastes, si légendaires que soient ces grottes, elles sont loin de valoir celle communément appelée Pietra Tofonata (pierre percée). Voilà la reine des grottes, une merveille de la nature; c’est, sans doute, à la beauté, à l’originalité, à l’élégance de ses formes, à l’ensemble de ses perfections, qu’elle doit l’insigne honneur de recevoir au printemps et à la fin de l’été, la visite du plus puissant, du plus bienfaisant des monarques… célestes, Sa Majesté le Soleil ; cette visite biannuelle a lieu le 8 avril et le 8 septembre à 6 heures et quelques minutes du soir, c’est-à-dire, 18 jours après l’équinoxe du printemps (21 mars) et 16 jours avant celui de l’automne (24 septembre). La Pietra Tofonata est située sur le flanc occidental de la chaîne de séparation du canton de Belgodère de celui d’Olmi-Cappella, à 2 kilomè­tres et parallèlement à Speloncato, à 500 m au-dessus des points culminants de la chaîne, les Monti Rossi et Pellegrina, (1000 m d’altitude). Vue de loin, sa double ouverture ressemble à celle d’un tunnel: chacune des deux ouvertures mesure 7 mètres de hauteur, 6 mètres et demi de largeur, 8 mètres de longueur de l’une à l’autre; leur orien­tation, E.-O., l’épaisseur de la voûte, 1 m et demi. La nature a richement meublée de forts jolis bancs de granit et d’une voûte d’un rond parfaitement lisse: on y arrive des deux côtés de l’ouver­ture, mieux du côté occidental ; la beauté de cette grotte ne saurait faire oublier à celui qui la visite celle du panorama qui l’entoure : au Nord, la mer et l’incomparable vallée du Regino, avec ses forêts d’oliviers, ses vignes, ses jardins d’orangers, de cédratiers; au Sud, la montagne et ses torrents ; à l’Est et à l’Ouest, les gracieux villages des cantons de Belgodère, Muro Ile-Rousse, tous adossés ou sur le sommet des contreforts.

Oubliée, méconnue, toute l’année, la Pietra Tofonata ne devient à la mode, ne fait parler d’elle, que les jours où Phébus daigne s’y reposer un tantinet, à l’aller et au retour de son voyage, et en­core, faut-il que le ciel soit veuf de nuages ; mais, s’il est clair, comme au moment où j’écris cette Causerie, on voit dès six heures du soir, une partie de la population Speloncataise groupée aux fenêtres et à la promenade, suivre attentivement, impatiemment  la marche du soleil, se dirigeant lentement vers la grotte.

A un moment donné, les montagnes qui bornent l’horizon de Calvi masquent son disque; mais soudain un rayon de soleil pénètre dans  la grotte.  « Eccolo, eccolo », « le voilà, le voilà », s’écrient les enfants ; puis, petit, à petit, la grotte s’illumine, s’enflamme, disparaît, noyée dans un flot de lumière, pour faire place au disque du soleil, qui ressemble à un foyer électrique ou à un verre convergent, projette ses rayons, concentrés sur la population émue, émerveillée, muette d’enthousiasme, devant ce rare phé­nomène. Que n’êtes-vous point là en ce moment MM. les touristes, membres du club alpin, artistes, savants, et vous, M. Camille Flammarion,  qui êtes le Victor Hugo de l’astronomie, vous seul pourriez le décrire comme il le mérite. Lentement, le soleil, quitte la grotte et disparaît sous l’horizon. Au revoir dans cinq ou sept mois, suivant la saison, lui disent les spectateurs; lui seul est exact; bon nombre d’entre eux manquent hélas au rendez-vous. »

8 avril 2007 : Le Soleil dans la Pierre Percée

 

Capricieux pendant tout ce Dimanche de Pâques, le soleil a offert un spectacle presque unique au monde en début de soirée, entre 19h45 et 20h00, en pénétrant dans la « pietra tafonata », la pierre percée, inondant de ses rayons la place du village.

Nombreux étaient les speloncatais, mais aussi des touristes, français et étrangers, ravis d’assister à cet évènement signalé par tous les guides, documents ou revues vantant nos particularités.

La pierre percée est en effet une grotte (spelunca), mieux une galerie de 8 mètres de longueur, qui serait avec d’autres, à l’origine du nom de Speloncato.

Elle se trouve à 2 Km du village mais elle est difficilement accessible.

Le soleil y est attendu autour des 6 avril et 6 septembre, pendant les équinoxes de printemps et d’automne, mais nous avons assisté, à plus de rendez-vous manqués que de tradition respectée.

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